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AIR NOSTALGIE



Par Normand Dubois








En fin de compte, je suis bien content d'avoir déménagé sur la rive-sud de Montréal, à dix minutes de l'aéroport régional de St-Hubert. J'ai pris l'habitude d'y aller faire un tour régulièrement afin de nourrir ma passion pour les avions, passion toute théorique puisque je n'en ai jamais piloté un. J'ai bien essayé de passer ma license de pilote, mais je n'ai jamais pu finir mon cours, mes cinq premières leçons se terminant inévitablement avec un sac remplie de mon repas du matin ou de la veille. Nausées, vomissement et tout le tralala, on appelle ça le mal de l'air. Pourtant tout va bien quand je voyage en gros porteur, ce n'est que quand je vole dans ces petits Cessna 150 de rien du tout que ça m'arrive. Il n'y eu pas de sixième leçon, j'en avais assez d'être malade après dix minutes de vol. Mais ça ne m'empêche pas de venir ici, assis confortablement au restaurant de l'aéroport, prendre mon petit déjeuner et regarder les avions décoller et atterrir. L'autre jour, j'ai vu décoller un magnifique Lockheed Constellation de la compagnie Conifair, qui a transformé ce quadrimoteur transatlantique des années 50 pour s'en servir comme avions-épandeurs d'engrais dans le grand nord. Aaaah, le son de ses quatres moteurs Wright de 2,200 chevaux coiffés de quatre énormes hélices me donne encore des frissons. C'est la premiére fois que je viens un dimanche, j'espère que je verrai quelque chose d'intéressant, mais pour le moment il n'y a rien de particulier, quelques Beechcrafts et Cessnas, un beau Fokker F-27, la routine quoi. Je me replonge dans mon journal et après quelques minutes j'entends le vrombissement de gros moteurs à pistons, je relève la tête et... WOW!! Un Douglass DC-3 est en train d'atterrir, quelle beauté. Et on jurerait qu'il est flambant neuf! Il y a longtemps que je n'en avais pas vu un aussi beau. Il vole sous les couleurs d' AIR NOSTALGIE... jamais entendu parler, mais quel joli nom pour une compagnie aérienne. Il ne doit plus en rester qu'une centaine en opération dans le monde, il faut dire qu'il est apparu en 1935. À l'époque, toutes les compagnies aériennes se l'arrachaient, et il y avait de quoi, c'était le premier avion pour passagers vraiment moderne; monoplan bimoteur tout métal, il pouvait transporter en tout confort 32 passagers sur une distance de 1500 kilomètres, et de par sa forme, il préfigurait les avions pour passagers que nous connaissons aujourd'hui. On peut dire sans se tromper que c'est l'avion à hélices qui marqua le plus l'histoire de l'aviation civile. En tout cas, pour un amateur d'histoire de la période de l'entre-guerre comme moi, c'est un cadeau tombé du ciel. Je dois aller voir ça de plus près. Je finis mon café en vitesse et quitte le restaurant pour me diriger à l'autre bout de l'aérogare là où le DC-3 s'est stationné.


Cinq minutes plus tard.

Aaah, le voilà, il est vraiment magnifique, mais malheureusement, l'accès à l'aire d'atterrissage étant interdit, je ne peux l'observer qu'au travers de la baie-vitrée. Je paierais cher, ne serait-ce que pour pouvoir y toucher, où encore mieux, m'asseoir dans un de ses fauteuils mais... mais qu'est-ce que je vois là? À l'écart des autres comptoirs des transporteurs aériens se trouve le comptoir d'Air Nostalgie, il faut vraiment être attentif pour l'apercevoir, tout seul dans son coin. Je m'approche et lis ce qui est écrit sur l'écriteau suspendu au-dessus du comptoir: "Vivez une expérience inoubliable et revenez plus de 60 ans dans le passé à bord d'un resplendissant Douglas DC-3. Cet avion légendaire qui révolutionna le transport aérien dans les années 30 vous transportera de Montréal à Québec en une heure et vous ramènera à l'aéroport de St-Hubert le soir même. Vous aurez tout l'après-midi pour visiter la pittoresque ville de Québec et ses vieux quartiers. Ne manquez pas cette chance unique."
Pour réservations: vous présenter au comptoir d'AIR NOSTALGIE, "Les Ailes du passé".


Hey, ça m'intéresse, et je n'ai justement rien de prévu au programme aujourd'hui, en fait depuis que Julie m'a quitté, je ne sais plus quoi faire de mes journées de congé. Un petit voyage en DC-3 me remonterait le moral... et pourquoi pas? Je me dirige vers le comptoir et remarque dans une salle d'attente tout près une quinzaine de passagers prêts à embarquer, la plupart sont habillés comme dans les années 30. Hehe, un peu plus et on se croirait vraiment dans le passé. D'autres personnes se dirigent vers le comptoir, j'espère qu'il reste au moins une place.Voilà, j'y suis. Je m'adresse à la préposée qui elle aussi est vêtue d'un uniforme d'époque.

-- Bonjour, combien coûte un billet pour le voyage à Québec que vous proposez?

-- C'est $250.00, départ chaque dimanche à 10.30 hres et retour de Québec à 18.30 hres.


Hum, le prix me parait bien raisonnable, et je n'ai rien à foutre aujourd'hui.


-- Ok, je vais prendre un billet.

-- C'est que nous sommes complets.

-- Réservez-moi une place pour dimanche prochain alors.

-- Êtes-vous recommandé par un de nos clients?


Je la regarde d'un air ahuri.


-- Non, faut-il être absolument recommandé?

-- C'est mieux, c'est un voyage... particulier, et l'avion n'a que 32 sièges.


Et moi qui croyais voler en DC-3 aujourd'hui.


-- Je vois. Pouvez-vous prendre mon nom et mon numéro de téléphone et me rappeler dès que vous aurez une place pour un prochain vol?

-- Oui, oui, nous pouvons toujours faire ça.


Je lui donne mes coordonnées mais en ne me faisant aucune illusion, ça m'a tout l'air qu'il faut faire partie d'un club sélect pour voyager à bord d'Air Nostalgie.


-- Merci Monsieur, nous vous rappellerons si nous avons une place de disponible lors d'un prochain vol.

-- Je peux vous verser un accompte si vous voulez.

-- Ce ne sera pas nécessaire. Merci et bonne journée.

-- Merci.


Ouais, j'ai bien failli faire un beau tour d'avion aujourd'hui. Je n'ai vraiment pas de chance, et si je décode ma conversation avec la préposée aux billets, ce n'est pas demain la veille qu'elle me trouvera un place sur cet avion. Je vais au moins aller m'installer devant la baie-vitrée pour le voir décoller, ce sera toujours ça de pris. Tiens, un camion-citerne se place à côté du DC-3 pour lui faire son plein d'essence, mais c'est un camion modèle 2007, ça vient briser un peu le charme, bah, je n'ai qu'à prétendre que c'est un modèle 1935 et mon imagination fera le reste. Ces vieux avions ont vraiment quelque chose qui nous fait vibrer à l'intérieur, un peu comme les voitures antiques, ils exercent chez moi une fascination, un... comment dirais-je... c'est comme admirer un tableau d'un grand maître, oui c'est ça, on le regarde sous tous les angles en oubliant tout ce qui nous entoure, on se sent...


" Il est splendide, n'est-ce pas?"


Je me retourne d'un coup sec, comme si on m'avait réveillé brusquement pendant que je dormais profondément, et je vois un homme âgé debout à côté de moi qui regarde lui aussi l'avion, il est vêtu comme en 1940, chapeau, paletot et tout ce qu'il faut, je n'avais même pas remarqué sa présence. Je retourne mon regard vers l'avion et lui réponds.


-- Oui, il est vraiment magnifique. Je vois de la façon dont vous êtes habillé que vous êtes parmi les chanceux qui monteront à bord dans vingt minutes.


Il prend un air songeur.


-- C'est vrai que je me considère chanceux d'avoir voyagé à quelques reprises à bord de cet avion, mais c'est mon dernier voyage.

-- Ah oui? Remarquez que ça fera une place de disponible, les billets ont l'air d'être réservé longtemps à l'avance. Et pourquoi donc est-ce votre dernier voyage?

-- D'habitude je viens avec ma femme, mais elle est décedée mardi dernier et...

-- Ooooh... excusez-moi, je suis désolé Monsieur, je vous offre mes condoléances.

-- Je vous remercie. J'ai décidé de faire un dernier voyage et après, je passerai les quelques années qui me reste à vivre tranquille à la maison de retraite, à écouler doucement le temps jusqu'à ce que moi aussi je parte. -- On doit tous passer par là un jour où l'autre, mon père est mort il y a deux ans. Le temps atténue la douleur, mais on oublie pas vraiment, on s'habitue plutôt.

-- Vous me faites penser à mon fils, il avait la même façon philosophique de voir la vie.

-- Avait? Lui aussi est...

-- Oui, il y a vingt ans... un stupide accident de voiture.


Je prends un air désolé mais le vieil homme me dit en esquissant un petit sourire,


-- Ça va, je suis habitué maintenant.


Il est plutôt sympathique le bonhomme.


-- Et comment on se sent quand on vole à bord d'un tel avion?

-- Ahhh, c'est fantastique, on se sent transporté dans une autre dimension.

-- À ce point là?

-- Vous ne pouvez pas comprendre à moins de l'avoir déjà vécu vous-même.

-- J'aimerais bien mais il n'y aucune place de disponible avant des lunes.

-- J'avoue que quand on y a goûté une fois on veut recommencer, mais ce n'est pas tout le monde qui sait apprécier ce voyage à sa juste valeur.

-- Que voulez-vous dire?

-- Il faut être dans un état d'esprit particulier, ou plutôt être disposé à accepter que l'imaginaire puisse prendre le dessus sur la réalité, et en se concentrant suffisamment, soudainement il se produit un étincelle, et alors là, mon jeune ami, vous êtes prêt à vivre la plus belle expérience de votre vie.

-- Wow, en plein ce que je pensais!

-- Et plus encore... vous ne pouvez pas imaginer.

-- Pourtant j'ai une imagination très fertile. Et avec ces vêtements d'époque, vous ne devez pas passé inaperçus à Québec?

-- Au contraire... au contraire...


Le vieil homme fait une pause, je sens qu'il veut me dire quelque chose.


-- Comment vous appelez-vous?

-- Longpré... Jean Longpré.

-- Moi c'est Pierre Lanthier, tu peux m'appeler Pierre.


Nous nous serrons la main.


-- Enchanté.

-- Tu as dit il y a un instant que tu aurais aimé faire ce voyage.

-- Oui, j'aimerais bien ça, mais je devrai me contenter de vous regarder décoller.

-- Écoutes Jean, je n'ai pas eu la force d'aviser la préposé du comptoir que ma femme ne m'accompagnerait pas aujourd'hui, alors il y a une place de libre et je te l'offre.

-- Vraiment? Mais je n'ai que des cartes de crédit et pas assez de liquide pour vous payer le billet.

-- Ne t'en fais pas avec ça, te me paieras plus tard.

-- Mais c'est merveilleux, bien sur que j'accepte!

-- Attends-moi ici, je vais régler les formalités au comptoir et je reviens tout de suite.

-- Croyez-moi, je ne bougerai pas d'ici.


C'est incroyable comment le hasard peut bien faire les choses. Il y a dix minutes j'étais résigné à voir l'avion décoller sans moi et voici que par un coup de chance providentiel je fais partie de la liste des passagers. Il m'a dit que je lui rappelais son fils décédé et il ne voulait sans doute pas faire son dernier voyage seul, tant mieux si ça peut lui faire plaisir, en tout cas, moi, ça m'arrange et ça me fera de la compagnie. Ha, voilà mon sauveur qui revient.


-- Voici ton billet, départ dans dix minutes. Allons rejoindre les autres dans la salle d'attente.


Nous entrons dans la salle d'attente et Monsieur Pierre va saluer des connaissances, ça me donne l'occasion d'observer les passagers. La plupart sont des couples ägés, tous habillés à la mode des années 40. Ça me rappelle quand j'étais enfant et que nous allions à la messe le dimanche matin, mon père en habit et ma mère portant une belle robe avec chapeau, gants et sacoche assortis. Manifestement, ce voyage en DC-3 leur donne l'illusion de revivre un peu leur jeunesse, et ils ont l'air d'adorer ça. Le plein d'essence du DC-3 est maintenant terminé, départ dans cinq minutes. Je suis d'autant plus excité que cette escapade en avion était complètement inattendue. Voilà Pierre qui revient en me disant, "prêt à vivre une expérience inoubliable?" Je lui réponds en hochant la tête, "Oui Monsieur!"

L'escalier pour monter dans l'avion est déplié et l'hôtesse se tient tout près, prête à nous acceuillir. Ça y est, les portes de la salle d'attente s'ouvrent et nous pouvons nous diriger vers l'avion, les passagers applaudissent, hehehe. C'est à mon tour de monter dans l'avion et l'hôtesse m'indique où est situé mon siège. Ma première impression est que la configuration intérieure de l'avion est moderne, si on se place dans le contexte de 1935, il n'est pas surprenant que la production ne suffisait pas à la demande, on se croirait dans un mini Airbus. Pierre est assis à mes côtés, il me dit, "pas mal, hein?" Je ne peux qu'acquiescer. Étant muni d'un train d'atterrissage d'une autre époque, l'avion n'est pas à l'horizontale mais plus bas à l'arrière qu'à l'avant. Tous les passagers sont maintenant assis et on entend par les haut-parleurs le message de bienvenue du Capitaine. "Ici le Capitaine Provost, bienvenue à bord d'Air Nostalgie. Installez-vous confortablement, vous allez vivre une expérience unique à bord d'un avion légendaire. Nous franchirons la distance Montréal-Québec en une heure à la vitesse moyenne de 270 km/h, notre altitude de 15,000 pieds vous permettra de bien discerner le paysage au sol. Merci de voyager à bord d'Air Nostalgie, les Ailes du passé."

Les deux moteurs se mettent en marche et les hélices tournent de plus en plus vite. C'est une sensation complètement différente d'un avion à réaction où tout se passe en douceur, ici on sent la vibration des moteurs. L'avion va se placer pour le décollage. Voilà, ça y est, les dix-huit cylindres des deux moteurs Pratt and Whitney rugissent de plus en plus fort, l'avion prend de l'accélération, l'arrière se relève et l'avion prend son envol. Wow, juste le décollage valait le prix du billet! Je me tourne vers Pierre et lui dit en riant, "on n'en fait plus des avions comme ça!" Il me répond avec un sourire narquois, "attends, tu vas voir, le meilleur est à venir." À la vitesse et l'altitude à laquelle nous volons, nous avons tout le loisir d'observer le paysage qui défile lentement sous l'avion. Nous survolons le côté nord des berges du fleuve St-Laurent, tiens, nous voilà au dessus de Repentigny, on voit les toits des maisons unifamiliales collés les uns à côté des autres jusqu'à perte de vue. Dire qu'à l'époque où ces vieux avions sillonnaient le ciel, il n'y avait là que des champs et des forêts.

Après vingt minutes de vol l'hôtesse distribue une collation à chacun des passagers qui consiste en une boisson gazeuse et une pointe de gâteau au chocolat. Hehehe, il ont poussé le souci du détail jusqu'à servir le Coke dans sa bouteille originale en verre, je pensais qu'elles avaient été éliminées du marché depuis longtemps, je me demande où ils les ont dénichées. Pierre lève sa bouteille et me la présente, je fais la même chose.


-- Santé!

-- Alors Jean, commences-tu à être dans l'ambiance?

-- Quand on vole dans cet avion en buvant un Coca-Cola en bouteille, c'est facile de se mettre dans l'ambiance, mais où ont-ils trouvé ces bouteilles? Elles sont identiques à celles que l'ont voit sur les vieilles publicités des années 30 ou 40, et en plus elles ont l'air flambant neuves.

-- Tu devrais trouver la réponse quand nous serons au-dessus de Trois-Riviéres, d'habitude c'est là que ça se passe.

-- Que ça se passe quoi?


Monsieur Pierre répond par un sourire énigmatique.


-- Tu as l'air de t'y connaître dans cette période de notre histoire.

-- Un peu, tout le monde semble avoir oublié les années 20, 30, 40, pourtant c'est une période très riche culturellement et politiquement...


Nous sommes interrompus par l'hôtesse qui vient nous offrir des feuillets publicitaires que je regarde distraitement tout en continuant à parler.


... le premier règne de Duplessis, l'art lyrique et le théatre qui étaient florissants, la fin des années folles du burlesque... euh... hey, regardez ça Pierre, sur ce feuillet, "Louez une Hudson "President" 1938 pour l'après-midi pour seuleument $9.50 (rabais de $1.50 à la présentation de ce coupon). Location O. Granger, 1521 rue Vanier, tel: CR7-2212." Hahaha, ils veulent vraiment qu'on y croit! Ho, regardez celle-là! " La salle Wagner présente "Tonton et Tontaine" avec Olivier Guimond et Juliette Béliveau, réservez d'avance. Rens: CL4-5417." Haha, il ne manque plus qu'un gala de lutte avec Yvon Robert en personne.

-- Regardes, nous allons bientôt survoler Trois-Riviéres.

-- Déjà? Ça passe vite quand même.


Je regarde par le hublot la ville qui commence à défiler sous l'avion quand soudain une lumière aveuglante me fait fermer les yeux l'espace d'un instant.


-- Ho!!

-- Ça va?

-- Ça va, j'ai sûrement été aveuglé par un reflet du soleil sur la carlingue.

-- Hihihi...


Il a l'air de trouver ça drôle, le Monsieur Pierre. Et il n'est pas le seul, la moitié des passagers a eu la même réaction, bizarre... nous sommes maintenant en plein au-dessus de Trois-Rivières. Tiens, vue des airs, la ville est méconnaissable, je l'imaginais beaucoup plus grosse, il faut dire qu'il y a longtemps que je n'y ai pas mis les pieds. Pourtant, il me semble qu'il manque quelque chose, mais quoi? Étrange... hum... OUI, C'EST ÇA!!


-- Monsieur Pierre, êtes-vous sûr que nous soyons au-dessus de Trois-Rivières?

-- Absolument certain!

-- Mais... le pont!

-- Quel pont?

-- Le pont Laviolette! Je n'ai pas vu le pont Laviolette! À moins que je l'aie manqué, mais ça me surprendrait, il est là depuis 1967 et il est énorme.

-- Tu n'as rien manqué du tout.

-- Mais...


Monsieur Pierre met sa main sur mon bras et me dit doucement, "Bienvenue dans le club, et quand nous arriverons à Québec, il ne faut pas oublier le feuillet publicitaire si nous voulons profiter du rabais de $1.50. Ahhh, j'ai toujours rêver de conduire une Hudson "President" 1938".



Fin