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DÉJÀ VU



Par Normand Dubois










Poste de commandement du vaisseau d'exploration en provenance de la planète Garol.

-- Ha, je te l'avais bien dit que nous finirions par trouver quelque chose.

-- Oui Découvreur, mais il était temps, l'équipage commençait à s'agiter.

-- N'oublies jamais ces mots du Grand Réformateur: "le découragement est notre pire ennemi". Maintenant, voyons a quoi nous avons affaire. TOUT LE MONDE À SON POSTE!


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New York, siège des Nations-unies. Message du secrétaire-général, monsieur N'Goudjo.

"Mesdames et messieurs, comme vous le savez tous, trois vaisseaux spatiaux d'origine extra-terrestre tournent depuis deux jours autour de notre planète. Qui sont-ils? Pourquoi sont-ils là? Ont-ils des intentions pacifiques? Voilà autant de questions qui n'ont pas encore trouvé de réponses. Toutes les tentatives pour établir la communication entre nous et eux se sont avérées vaines. Veuillez noter que j'ai utilisé les mots "nous" et "eux". En effet, il ne s'agit pas ici d'un simple conflit entre états que nous devons résoudre. Nous sommes en face d'une situation qui nous demande - que dis-je - qui nous oblige à faire abstraction de nos querelles diplomatiques et idéologiques, "nous" veut dire "tous les habitants de la planète Terre". Pour la première fois de l'histoire de l'humanité, nous avons l'opportunité d'entrer en contact avec une civilisation extra-terrestre, et devant cet événement exceptionnel, je demande aux pays membres de donner le mandat à notre organisation de parler au nom de tous les états de notre planète, grands et petits, forts et faibles, riches et pauvres.

En attendant d'en savoir plus sur les intentions de ces visiteurs de l'espace, nous devons mettre de coté nos nationalités respectives et parler d'une voix forte et unie en tant que 'Peuple de la Terre', en tant que...'Terriens'. Merci."

(Tous les délégués se lèvent et applaudissent.)


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-- Hum..... bien..... très bien. Mon fidèle Pak, nos senseurs nous indiquent que ce monde regorge de ressources minérales et végétales que nous n'oserions même pas imaginer sur notre planète. Même son atmosphère pourrait nous convenir en y apportant de légères modifications et il y a suffisamment de matières premières pour construire au moins 500 croiseurs de bataille. Avec ça, nous exterminerons nos ennemis qui nous narguent depuis trop longtemps.

-- Et que dit le rapport au sujet des habitants de cette planète?

-- Bah... technologie rudimentaire, moyens de défense ridicules. Peut-être que leur nombre pourrait nous causer quelques problèmes, dans ce cas nous utiliserons la manière forte, ils comprendront assez vite. Ce voyage auquel personne ne croyait me rendra riche et célèbre.

-- En tout cas Découvreur, vous allez faire des jaloux sur Garol.

-- Aaaah... tu te rappelles, Pak? "Mathématiquement impossible, vous allez vous perdre dans l'espace, voyage trop long, personne ne vous suivra," qu'ils disaient. Nous allons inonder l'empire de richesses qui lui redonneront sa puissance de jadis. Evidemment, avant de coloniser cette planète, nous devrons faire venir des renforts, 50 vaisseaux cargos et 25 croiseurs de bataille devraient suffire pour commencer. Et pour la main-d'oeuvre, nous utiliserons les indigènes. L'Empereur sera content quand il apprendra que nous l'avons enfin trouvé ce nouveau monde. Bon, nous en savons assez, préparez la camelote et faites venir un traducteur. Il est temps d'aller rendre une petite visite à ces barbares.


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"Mesdames et messieurs, bonjour. Ici Barbara Jones qui vous souhaite la bienvenue à cette édition spéciale du journal télévisé. Pour la première fois de son histoire, l'homme s'apprête à entrer en contact avec une civilisation extra-terrestre. A New York, devant le siège de l'ONU, le secrétaire-général ainsi que les représentants des pays de la Terre attendent nerveusement l'arrivée des émissaires de la planète Garol. Sans plus tarder, allons rejoindre en direct notre correspondant Richard Trempe qui est sur place."

-- Richard, pouvez-vous nous décrire l'atmosphère qui règne présentement?

-- Oui Barbara, on sent un climat de tension mais aussi de grande excitation. Il faut dire que ce n'est pas tous les jours que nous nous apprêtons à rencontrer des extra-terrestres.

-- Richard, faites-nous le résumé des événements qui ont conduit à cette rencontre.

-- Tout s'est passé très vite Barbara. Il y a deux jours, les autorités gouvernementales ont finalement admis la présence de trois vaisseaux extra-terrestre dans notre atmosphère. Et puis hier matin, il y a eu cette nouvelle sensationnelle du message envoyé par les extra-terrestres qui disait: "Peuple de la Terre, nous venons en amis de la planète Garol et nous aimerions vous rencontrer, attendons votre réponse." Et il y a eu notre réponse qui aura, elle aussi, sa place dans tous les livres d'histoire: "Bienvenue sur la planète Terre, nous vous attendrons demain devant le siège des Nations-unies dans l'espoir de forger des liens amicaux et fructueux entre nos civilisations respectives." Aujourd'hui, un périmètre de sécurité a été installé autour de l'édifice de l'ONU et tout semble être prêt pour accueillir les visiteurs de l'espace qui devraient atterrir d'une minute à l'autre. Le secrétaire-général monsieur N'Goudjo est là avec à ses côtés les représentants des dix plus grandes puissances de la Terre qui..... un instant Barbara..... je crois que..... je vois quelque chose dans le ciel..... ILS ARRIVENT!!


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-- Pas trop nerveux monsieur le secrétaire-général?

-- Ça va aller monsieur Berlingot. Et n'oubliez pas, du décorum, de la prestance, et surtout, c'est moi qui parle au nom de tous.

-- Ooooh.... regardez-moi la taille de ce vaisseau, aussi gros qu'un stade de football, même vous monsieur "les Americains" ne pourriez en construire un comme ça.

-- Very impressive. Heureusement qu'ils ont dit qu'ils venaient en amis, même avec nos meilleures armes, combattre ce vaisseau équivaudrait à attaquer un char de combat à coups de flèches et de javelots. Et les deux autres qui attendent à 10,000 pieds d'altitude m'ont l'air de la même taille.

-- Et s'il y en a trois qui se sont rendus jusqu'ici, il peut en arriver beaucoup d'autres plus tard.

-- C'est fort possible monsieur Rodriguez.

-- Nina... Pinta... Santa Maria...

-- Que dites-vous monsieur Rodriguez?

-- Euh... rien monsieur le secrétaire-général.


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"Barbara, nous sommes en train de vivre un moment extraordinaire. Trois Garoliens sortent de leur vaisseau et à première vue... ils sont comme nous!! Ils ont une apparence humaine, quoique plus grands, environ deux mètres. Ils transportent un coffret et avancent vers nos représentants. Les voilà qui sont face à face. Ils ouvrent le coffret et en sortent ce qui semble être des bijoux ou des pierres précieuses d'une beauté extraordinaire qui brillent de mille feux, je n'ai jamais rien vu d'aussi beau. Ce sont des cadeaux qu'ils offrent, d'une certaine façon, à nous tous, habitants de la Terre. Le secrétaire-général et un des Garoliens échangent quelques mots en arborant de larges sourrires. Ha, quel spectacle extraordinaire!"


Cinq minutes plus tard.

"....... les Garoliens retournent maintenant dans leur vaisseau en faisant des signes amicaux de la main sous les applaudissements des dignitaires Terriens. Barbara, nous vivons un moment de grande émotion. Les Garoliens viennent de regagner leur nef intersidérale et je vois le sas se refermer derrière eux. On entend un doux grondement. Le vaisseau, malgré sa taille gigantesque, s'envole avec la grâce d'une colombe allant livrer un message de paix et d'amitié. Voilà, c'est déjà terminé. Ça n'a pas été long, mais quel spectacle! On ne peut que conclure que cette première rencontre a été un succès éclatant. Cela augure bien pour l'avenir et on peut prévoir des rapports interplanétaires basés sur un respect mutuel entre nous et nos nouveaux amis, les Garoliens. A vous Barbara!"


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-- Monsieur le secrétaire-général, au nom de la France, félicitation pour cette première rencontre qui s'est déroulée au-delà de nos espérances.

-- Merci monsieur Berlingot, tout s'est bien passé en effet. Ils ont même laissé entrevoir la possibilité d'échanges commerciaux entre nos deux planètes, échanges qui pourraient nous être très profitables disent-ils.

-- All right, ils doivent être immensément riches, vous avez vu les bijoux fantastiques qu'ils nous ont offert? Les États-unies sont toujours prêts à faire de bonnes affaires.

-- Monsieur Kirkpatrick, avez-vous pensé que ces bijoux que vous trouvez fantastiques ne sont peut-être pour eux que de la pacotille?

-- Ah, ne faites pas le rabat-joie monsieur Rodriguez, L'Espagne aussi y trouvera son compte, n'est-ce pas monsieur le secrétaire-général?

-- Oui, le monde entier, monsieur Kirkpatrick, le monde entier va faire de bonnes affaires. Néanmoins, malgré ces bonnes nouvelles, j'ai une étrange impression de déjà-vu, comme si ce que nous venons de vivre était déjà arrivé dans un lointain passé, mais je n'arrive pas a mettre le doigt dessus.

-- El Nuevo Mundo...El Nuevo Mundo...

-- Que dites-vous monsieur Rodriguez?

-- Euh... c'est à propos de cette impression de déjà-vu monsieur le secrétaire-général....




FIN