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VTX
Voyage dans le Temps eXpérimental



Par Normand Dubois











7

RETOUR À LA MAISON











"OPÉRATION RÉUSSIE" Ouf, j'ai encore failli y laisser ma peau! Je prends de grandes respirations pour décompresser. L'écran indique que je suis bien revenu à mon époque, mais je ne me fais plus d'illusions, avec cette machine, "opération réussie" ne veut rien dire. Si cette fois j'ai encore une mauvaise surprise, j'abandonne, je n'ai plus la force de continuer à errer d'une époque à l'autre en essayant de réparer les dégâts que je cause à chaque voyage. Théoriquement, j'ai fait tout ce qu'il fallait faire; j'ai tué Tomlinson avant qu'il ne revienne infecter la planète et on m'a administré l'anti-virus pour que moi-même je n'infecte pas la planète. Logiquement, le 2011 dans lequel je suis présentement ne devrait pas avoir connu l'épidémie qui a décimé la race humaine, aaah, je le souhaite de tout mon coeur. Il me reste un fond d'optimisme qui me dit que cette foi-ci, ça pourrait être la bonne. L'heure de vérité est arrivée.
J'ouvre le couvercle tout en restant couché dans la machine. Il fait soleil et je reconnais immédiatement le haut des arbres, MES arbres. Je sors lentement la tête de la machine... oui, je suis bien dans mon boisé. Je me retourne et à travers les arbres je l'aperçois, elle est là, ahhh qu'elle est belle ma maison! Jusqu'ici ça va, mais ce n'est pas encore gagné. Je sors de la machine et marche lentement vers la maison tout en regardant autour pour m'assurer que tout est bien en place. Oui, c'est bien mon chez moi ça! J'entends quelque chose, si c'est ce que je pense, ça veut dire que... je me mets à courir jusqu'à la route qui passe devant chez moi... "hahahaha", c'est une voiture avec des gens à l'intérieur, en voilà une autre... et une autre, j'ai réussi, l'épidémie n'a pas eu lieu!! "Merci mon Dieu!" À 100 mètres de l'autre côté de la route, la maison des Thompson est bien là, avec madame Thompson en train de lire un livre sur sa galerie, comme c'est son habitude. Elle me voit et fait un signe amical de la main, ahhh, si vous saviez comme je suis content de vous voir, madame Thompson. Je pénètre dans ma maison et... TOUT EST EN DÉSORDRE!! Parfait, exactement comme quand je suis parti la dernière fois. Je me rends au garage et ma voiture ainsi que ma moto sont là, hihihihi, même les égratignures sont au bon endroit. Je retourne à la cuisine et regarde le journal sur la table pour vérifier la date, "2 novembre 2011", ok, je tourne les pages et toutes les nouvelles me semblent familières. Maintenant, une dernière vérification pour confirmer le tout. Je prends l'annuaire téléphonique et... ah voilà, j'ai trouvé! Je prends le téléphone et signale le numéro. Une voix d'homme répond:

-- Babe's Paradise bonjour,

-- Euh... bonjour, est-ce que Barbara travaille ce soir?

-- Barbara... elle a l'air de quoi?

-- C'est une grande blonde avec des gros...

-- Oui, oui! Barbara! Laissez-moi regarder l'horaire... oui, elle commence à 8hres ce soir.

-- Merci beaucoup.

-- De rien, au revoir.

Cette fois-ci, plus aucun doute, je suis vraiment revenu à la maison! "YAHOOO!!!" Maintenant, il est temps de faire quelque chose qui aurait dû être fait depuis longtemps. Je retourne à la machine en prenant au passage une hache et une pelle.


#



Voilà deux jours que je suis revenu et j'ai encore de la difficulté à croire que ces foutus voyages dans le temps sont finis. Finalement, malgré les quelques ratés qui ont failli tourner au désastre, ça s'est plutôt bien terminé, et la machine ne forme plus qu'un tas de pièces déchiquetées enterrées 2 mètres sous terre. Mais avant de mettre une croix défénitive sur toute cette histoire, il reste encore un détail à vérifier. Ce soir, j'irai prendre une bière au "Blackjack".


#



Il est 22hres et je stationne ma voiture dans le parking du Blackjack. Je remarque que la voiture de Pat est là, et si Pat est là, George ne doit pas être loin. Je pénètre dans le bar et aussitôt j'entends, "Hey Paul!" Je me retourne et vois Pat et George assis à leur table habituelle, à NOTRE table habituelle. Je les regarde en souriant et vais m'asseoir avec eux.

-- Salut Pat, salut George.

-- Alors Paul, on s'ennuie des copains? Ça fait au moins six mois qu'on ne t'as pas vu!

-- Haha, je me suis dit qu'il faudrait bien que j'aille voir mes deux confrères experts en vadrouilles de l'hôpital.

-- Ouais, les trois mousquetaires comme on nous appelait. Et la vie de millionnaire, comment ça se passe?

-- Pas mal, pas mal. Et vous, travaillez-vous toujours à l'hôpital?

-- Ben oui, on n'a pas gagné la loto, nous!

-- Allez, ce soir c'est ma tournée!

Nous parlons d'argent, de sports, de femmes, et après vingt minutes, je fais dévier la conversation sur le travail à l'hopital pour poser la question qui me brûle les lèvres depuis que je suis assis avec eux.

-- Hahaha, il y en a vraiment de toutes les sortes dans cet hôpital. A propos, le gars qu'on a ramassé à moitié mort dans le parc des Appalaches a- t-il encore l'air aussi perdu?

-- Tu veux dire monsieur X? Tout un numéro celui-là, un vrai génie. Quand il est sorti, tout le monde l'appelait "Prof".

-- Comment?!!! Il est sorti de l'hôpital?!!

-- Ben oui, environ trois mois après ton départ, il a commencé à recouvrer la raison. Deux semaines plus tard, il avait reconfiguré le système informatique de l'hôpital pour le rendre deux fois plus efficace, un vrai génie j'te dis!

-- Et comment s'appelle-t-il en fin de compte?

-- Euh... Borski, Claude Borski.

-- Depuis combien de temps est-il sorti de l'hôpital?

-- Environ deux mois. Je pensais que tu le savais, ils en ont parlé dans les journeaux.

-- J'ai beaucoup voyagé durant cette période et je n'avais pas accès aux journeaux locaux. Savez-vous où il est rendu?

-- La ville l'a engagé comme conseiller technique ou quelque chose du genre. Hey Paul, je pense que c'est le temps d'une autre tournée.

Je fais signe à la serveuse d'apporter deux bières.

-- Hey, seuleument deux bières? Je te fais remarquer que nous sommes trois.

-- Euh... je dois partir, des choses à faire. Ça m'a fait réellement plaisir de vous revoir les gars.

-- Nous aussi, ça nous a rappellé le bon vieux temps. En tout cas, si tu veux remettre ça, tu sais où nous trouver!

-- Salut les gars, prenez soin de vous!

-- Allez salut!

Je retourne à la maison en essayant d'analyser la mauvaise nouvelle que je viens d'apprendre. Merde, l'inventeur de la machine est en liberté dans la nature, il n'aurait pas pu rester cinglé jusqu'à la fin de ses jours celui-là? Borski... Borowski... il n'a fait qu'enlever une syllabe, pas très subtil le professeur, mais s'il a retrouvé toutes ses facultés mentales, il voudra sûrement reconstruire une autre machine à voyager dans le temps, et ça, il ne faut pas que ça arrive.

Arrivé chez moi, je prépare un café et avale le contenu d'une petite bouteille de "sorbet royal aux fraises", aaaaaah, que c'est bon... ç'aurait été un péché que d'enterrer ces merveilles culinaires du futur avec la machine. Bon, il est temps de faire une recherche sur internet. Je tape sur le clavier le nom de "Claude Borski" et j'obtiens 10 résultats, en majorité des articles de journeaux. Voyons voir...

"UN GÉNIE INTERNÉ À L'HÔPITAL PSYCHIATRIQUE"
Des médecins pensent qu'il pourrait s'agir d'un cas très rare "d'intelligence spontanée".

Essayons celui-ci.

"CLAUDE "PROF" BORSKI SERAIT-IL UN FUMISTE?"
"Non, non, non", affirme le docteur Perrier de l'hôpital psychiatrique Clergeret, "cet homme a vraiment des connaissances scientifiques extraordinaires et en avance sur notre temps, le problème est qu'on ne sait pas où il a appris tout ça, même lui l'ignore. Il dit s'appeller Claude Borski mais avoue lui-même avoir inventé ce nom il y a une semaine. Je pense qu'il est un autodidacte de génie qui, à la suite d'un violent choc nerveux, souffre "d'amnesia compartimentus" aigue."


Hahaha, le salaud, il joue à l'amnésique. Bah, je ne peux le blâmer, j'ai fait la même chose.

Ha, voilà ce que je cherchais!


"UN EMPLOI À L'HÔTEL DE VILLE ATTEND CLAUDE BORSKI À SA SORTIE DE L'HÔPITAL"

Le maire DiStazio a confirmé qu'il venait d'embaucher Claude Borski, surnommé "le Prof", comme conseiller technique auprès du bureau du maire à l'hôtel de ville. Questionné sur les raisons qui ont motivé son geste, le maire a répondu: "Hey, ce gars-là est un génie! Vous avez vu ce qu'il a fait avec le réseau informatique de l'hôpital? Il va faire sauver des millions à la ville, et en plus il sera payé comme un vulgaire fonctionnai... euh... il aura un salaire très raisonnable." De son côté, l'administration de l'hôpital psychiatrique Clergeret a déclaré que monsieur Borski, malgré son amnésie partielle, pouvait très bien vivre en société de façon autonome et obtiendra son congé demain.



Amnésie partielle mon cul! Au moins, maintenant je sais où le trouver. J'aurais bien aimé voir sa gueule lorsqu'il est retourné dans la grotte du parc des Appalaches pour s'apercevoir que la machine n'y était plus. J'ai bien fait de la transporter chez moi, mais je parierais le million qu'il me reste qu'il va tout faire pour en construire une autre, et il me faut empêcher ça à tout prix. Tous ceux qui ont été en contact avec cette machine ont vite réalisé que le voyage dans le temps est une anomalie, un non-sens, une perversion de la science où chaque petit détail peut avoir des implications catastrophiques pour l'humanité. Même si je prévenais la police ou le gouvernement du danger que représente Borowski et sa machine, personne ne me croira. Et même s'ils me croyaient -la bêtise humaine ne connaissant aucune limite- ils demanderaient au professeur de leur construire une machine. Je n'ai pas le choix. Il n'y a qu'une seule façon d'éliminer une fois pour toute ces voyages dans le temps; je dois tuer le professeur Borowski avant qu'il ne construise une autre machine. Aaah, ça ne finira donc jamais?


#



17 hres! C'est l'heure de fermeture des bureaux de l'hôtel de ville et les fonctionnaires commencent à sortir, je devrais apercevoir Borowski d'une minute à l'autre. Ha, le voilà! Il traverse la rue et se dirige vers le stationnement municipal, ce serait tellement facile de lui passer sur le corp avec ma voiture. Il sort maintenant du stationnement au volant de son automobile. Je démarre et le suis à distance pour ne pas me faire remarquer. Ça fait trois jours que je surveille ses allées et venues et c'est toujours la même routine; il va se rendre dans le parc industriel chez une entreprise de moulage de plastique pour y rester dix minutes et ensuite retourner chez lui pour passer le reste de la soirée dans son garage. Je paierais cher pour savoir ce qu'il est en train de mijoter. De toute façon, je dois passer à l'action bientôt car plus j'attends et plus grandes sont les chances qu'il s'aperçoive qu'il est suivi. Le problème est que si j'attends les conditions idéales pour commettre le crime parfait, ça peut prendre des semaines. Un jour ou l'autre, je devrai prendre des risques, mais ce serait quand même ironique que je finisse mes jours en prison pour avoir rendu service à l'humanité.
Hey, il est pressé aujourd'hui, il roule beaucoup plus vite que d'habitude! Tiens, tiens, il se dirige directement chez lui, sans passer par l'usine de moulage de plastique, c'est bizarre ça! Je continue de le filer et dix minutes plus tard nous arrivons à sa maison. Comme d'habitude, Borowski stationne sa voiture sur la rue et marche jusqu'à son garage pour y entrer par une porte de côté. Je stationne ma voiture à 50 mètres de sa maison et j'attends. Après cinq minutes, je vois Borowski sortir de son garage et aller sur le trottoir en regardant nerveusement à gauche et à droite. Il jette un coup d'oeil à sa montre-bracelet. Il attend quelqu'un ou quelque chose d'important, c'est clair!

Un camion passe à côté de moi et... merde, j'aurais dû m'en douter! Sur le côté du camion est écrit en grosses lettres, "LES MOULAGES PLASTEK INC." C'est la compagnie où il avait l'habitude d'arrêter avant de retourner chez lui. Le camion s'arrête devant Borowski et deux hommes en descendent, ils doivent transporter quelque chose de lourd ou de volumineux. Il est temps d'aller voir ça de plus près. Je sors de ma voiture et marche vers eux de façon à ce que je les croise au moment précis où ils déposeront leur livraison dans le garage du professeur. Si je suis chanceux, je saurai ce qu'ils lui livrent et ce qu'il y a dans le garage où le professeur passe le plus clair de son temps. Je suis maintenant à vingt mètres d'eux et je vois les deux livreurs sortir quelque chose du camion, on dirait.... oh noooon, c'est la machine!!! Ils la dépose sur la trottoir. Elle est enveloppée de cellophane à bulles d'air pour ne pas l'abimer durant le transport, mais c'est bien elle, aucun doute la-dessus! Un des livreurs retourne au camion et en sort avec ce qui semble être.... oui, je comprends maintenant!! Il tient dans ses mains le couvercle de la machine, lui aussi enveloppé de cellophane. Ce fou de Borowski a fait construire la carcasse de la machine sur laquelle il greffera tous les éléments qui la rendront opérationnelle. Le garage, évidemment, lui sert de laboratoire. Tous les travaux de recherche ayant déjà été réalisés en 2256 et avec son génie pour améliorer les ordinateurs d'aujourd'hui, ça n'a dû être pour lui qu'un jeu d'enfant pour reproduire ces damnés circuits temporels. Aargh, le salaud!

Je suis maintenant tout près d'eux et Borowski ouvre la porte du garage. Je m'arrête et fais semblant d'attacher le lacet de ma chaussure, mais il n'y a rien à voir, l'intérieur du garage étant caché par un rideau. Les deux livreurs déposent la machine et son couvercle devant le rideau et retournent à leur camion. Le professeur referme aussitôt la porte du garage de l'intérieur. Voilà, c'est terminé, mais j'ai su ce que je voulais savoir. Je retourne à ma voiture, bien décidé à passer à l'action.

Il n'y a plus de temps à perdre, même si je dois y passer la nuit, je vais élaborer un plan d'action pour l'éliminer, et demain, je vais le tuer. Demain?!!! Merde, demain il sera peut-être trop tard! Borowski avait l'air tout excité de recevoir sa précieuse livraison, ça ne m'étonnerais pas que les circuits temporels soient déjà prêts à être encastrés dans la machine. Et installer le couvercle ne devrait prendre que quelques minutes. Aargh! Je déteste être pressé par le temps, ça m'empêche de réfléchir correctement. Dans le pire des cas, la machine pourrait être opérationnelle en quelques minutes. Mais par contre, peut-être doit-il effectuer des tests qui dureront des jours, sinon des semaines. Aaah, si je le savais! Qu'est-ce que je fais? Avec cette machine, on doit toujours envisager le pire des scénarios. Oui, c'est ça, pas de chances à prendre! "Allez Paul, c'est le temps de foncer!" Mon cerveau fonctionne à plein régime. J'ai mon pistolet dans la poche de ma veste. Je vais aller cogner à la porte de son garage, et aussitôt qu'il ouvrira la porte, je lui tirerai une balle dans la tête, style tueur à gages, et après, je retournerai à ma voiture et m'enfuirai, comme dans les films de gangsters. Simple, rapide, efficace, ça devrait marcher! Mais j'y pense.... la machine!!! J'ai oublié qu'après l'avoir tué, je devrai détruire toutes les composantes de la machine. Hum, mon plan n'est pas encore tout à fait au point. Je suis dans un état d'excitation avancé et je réalise qu'il me faut agir maintenant, tout s'embrouille dans ma tête. Ah, et puis merde!! Même si je dois passer le reste de mes jours en prison, le sort de l'humanité est plus important que ma petite personne. À moi de jouer maintenant et advienne que pourra. "Allez Paul, du courage!"

Je retourne à son garage d'un pas ferme et décidé en ayant qu'une chose en tête: tuer Borowski et détruire sa machine, le reste n'a plus d'importance. Ça y est, j'y suis et il n'y a personne aux alentours. Je sors le pistolet de ma poche et cogne à la porte. Borowski répond, mais sans ouvrir.

-- Qui est là?

??!!... Vite, dis quelque chose Paul!

-- Euh... c'est votre voisin, il y a de la fumée chez vous, je pense que c'est un début d'incendie, allez voir, vite!

-- Le feu?!! J'arrive tout de suite!

J'entends glisser deux lourds crochets et la porte s'ouvre. À l'instant même où apparaît Borowski, je lui colle le canon de mon pistolet entre les deux yeux et le pousse à l'intérieur en refermant la porte derrière moi. Le Prof est tellement surpris qu'il en reste bouche-bée et n'offre aucune résistance. Instinctivement, je réalise qu'un coup de feu pourrait attirer les voisins. Sans aucune hésitation je l'agrippe fermement à l'épaule avec ma main libre pour lui faire faire un demi-tour sur lui-même, et dans le même mouvement je m'élance pour l'assommer avec la crosse de mon pistolet et..... MAIS QU'EST-CE QUI SE PASSE?!! Je suis complètement paralysé!! Je ne suis même plus capable de bouger le petit doigt. J'essaie de parler mais je ne peux pas ouvrir la bouche, pourtant je suis conscient et je peux voir. Ça doit être encore un sale truc du Professeur! Tout est raté maintenant, plus rien ne pourra arrêter Borowski!

Il se retourne lentement en me regardant de la tête aux pieds et dit, "tu ferais un beau mannequin de vitrine." Je n'apprécie vraiment pas son sens de l'humour. "Mais je te reconnais! Tu étais sur le trottoir il y a dix minutes quand ils ont livré la machi... qui es-tu et que veux-tu?" Il se dirige vers une table où sont disposés trois ordinateurs et leurs écrans, tous reliés par une multitude de fils de toutes les couleurs. La machine est en plein milieu du garage et son couvercle est déjà installé. Sur une autre table, je vois ce qui semble être une matrice pour former des pièces de plastique ou de métal, plus différents outils de précision; il a transformé ce garage en véritable laboratoire. Sur une tablette au mur, je les vois, il sont là, LES CIRCUITS TEMPORELS!! Juste à côté se trouve un écran d'ordinateur portable détaché de son clavier. Merde, le tout semble prêt à être installé! Le professeur frappe les touches du clavier et apparaît sur l'écran le visage schématisé d'un humain, il glisse la flèche sur la bouche et presse une touche.

-- Voilà, tu peux parler maintenant.

J'essaie de toutes mes forces de bouger mais il n'y a rien à faire. Par contre, je peux ouvrir la bouche.

-- Que m'avez-vous fait? Pourquoi ne puis-je plus bouger?

Il regarde au plafond où est accroché ce qui semble n'être qu'une simple ampoule d'éclairage.

-- Le "Gardien?" Bah, c'est un jouet du 23ième siècle, ça sert à neutraliser les principales fonctions motrices du système nerveux. Un jour, toutes les maisons en seront dotées pour se protéger des petites crapules comme toi. Maintenant réponds à ma question ou je fais griller toutes les neurones de ton cerveau.

Je ne dois surtout pas lui dire que je sais qui il est. Penses vite Paul, penses vite!

-- Vos ordinateurs, je suis venu pour voler vos ordinateurs.

-- Mes ordinateurs? Comme ça, presqu'en plein jour? Et en sachant que je me trouvais à l'intérieur?

Ouch, mauvaise réponse!

-- Euh... je croyais que...

-- ASSEZ!! À bien te regarder, tu n'a pas l'air d'un voleur à la petite semaine et tu paraissais bien décidé à me tuer. Sais-tu qui je suis?

-- Euh... non. Pourquoi n'appelez-vous pas la police?

Le professeur presse une touche du clavier et je sens aussitôt une douleur intense dans ma tête, comme si on m'enfonçait des aiguilles dans le cerveau.

-- AAAAAH, ARRÊTEZ! ARRÊTEZ! Appelez la police et qu'on me jette en prison!

Borowski enfonce une autre touche du clavier et la douleur devient deux fois plus intense.

-- NOOON, JE NE VOUS CONNAIS PAS, JE NE VOUS CONNAIS PAS !

-- Sais-tu qui je suis et ce que je fais ici?

La douleur est maintenant insoutenable et je sens que ma tête va éclater.

-- OK! OK! Vous êtes le professeur Borowski! Arrêtez, vous allez me tuer!!

-- Et VTX, ça te dis quelque chose?

-- OUI! OUI! OUI! Voyage dans le temps experimental. Par pitié, arrêtez maintenant, je vous dirai tout!!

Je suis un lâche, mais au moins je sens la douleur diminuer d'intensité.

-- C'est Tardivel qui t'envoie? Ils ont construit une autre machine pour me retrouver et me tuer, c'est ça?

-- Non, non, non.

-- Ah, c'est vrai, ils ne peuvent pas me retrouver dans le temps. Mais alors... c'est toi... oui... c'est toi qui m'a volé ma machine?!!!

-- Oui, c'est ça, dans le parc des Appalaches.

La douleur a disparu mais je suis toujours paralysé.

-- Où est-elle maintenant?

-- Complètement détruite et enterrée dans ma cour arrière.

-- Pauvre fou! Et pourquoi l'as-tu détruite?

-- Les voyages dans le temps sont trop dangeureux.

Pendant qu'il parle, le professeur installe les circuits temporels et les autres composantes dans la machine.

-- Tu ne réalises pas ce que cette machine représente pour l'humanité.

-- Au contraire, je ne le sais que trop. Croyez-moi Professeur, cette machine causera notre perte à tous. Quand sera-t-elle opérationnelle?

-- Dans cinq minutes elle sera prête pour son premier voyage.

-- 5 MINUTES?!! Ne faites pas ça Prof! Détruisez cette aberration pendant qu'il est encore temps!

Borowski se retourne et me regarde avec du feu dans les yeux.

-- PERSONNE, tu m'entends? PERSONNE ne se mettra en travers de mon chemin!

Il se dirige vers le clavier de l'ordinateur. Ça y est, c'est la fin! Il va me griller le cerveau.

Au même moment, j'entends un bruit derrière le grand rideau qui cachait l'intérieur du garage, Borowski l'a entendu lui aussi. Il se retourne et déplace le rideau pour voir ce que c'est et..... il y a quelqu'un derrière.... MERDE, C'EST BOROWSKI!!! BOROWSKI NO. 2 ET SA MACHINE!! Ses vêtements sont en lambeaux et il est couvert de sang. Il saute à la gorge de Borowski no.1 pour l'étrangler, les deux tombent sur le sol. Le professeur no.1, revenu de sa surprise, se défend âprement et je l'entends dire, "Cornélius, Cornélius, arrêtes, que s'est-il passé?" Le professeur no.2, tout en continuant à le frapper, lui répond, "tu dois mourir, tu dois mourir!" Oui, je comprends maintenant! Comme d'habitude, quelque chose a mal tourné, et le professeur no.2 est revenu pour tuer son autre "lui" avant qu'il ne cause une catastrophe temporelle comme seule cette machine en a le secret. Il fait ce que j'ai dû faire avec mes autre "moi" et ce que Tomlinson a fait avec ses autre "lui". Aargh, si je n'étais pas paralysé par cette saleté de Gardien! Les deux Borowski sont en train de s'étrangler mutuellement mais le no.2, vu son état lamentable, a le dos au sol et est en train de perdre le combat. Il me fixe droit dans les yeux, comme s'il voulait me dire quelque chose. Avec toutes les forces qu'il lui reste, il lève un bras, et avec sa main ouverte frappe les touches du clavier de l'ordinateur. JE PEUX BOUGER!! Il a désactivé le Gardien! Sans perdre une seconde, je m'avance et avec la crosse de mon pistolet j'assène un terrible coup sur la tête du professeur no.1. Il ne bouge plus, mais je continue à le frapper encore et encore jusqu'à ce que je sois sûr qu'il soit bien mort. Épuisé et à bout de souffle, Borowski no.2 me dit, "merci, je savais que tu comprendrais que c'était lui qui devait mourir."Je le regarde et lui dis, "Oui, j'ai tout compris," et lui saute à la gorge pour finir le travail commencé par l'autre Borowski.

Ça y est, j'ai tué les deux Borowski. Les seuls qui pouvaient construire une machine à voyager dans le temps sont morts. Je viens de sauver l'humanité et je suis le seul à le savoir, mais c'est aussi bien comme ça. Maintenant, je dois détruire tous les indices qui pourraient laisser croire que l'on puisse réellement voyager dans le temps. J'en ai pour au moins deux heures. Allez Paul, un dernier effort et les voyages dans le temps ne seront plus que du domaine de la science-fiction, là où ils auraient toujours dû rester.


#



Ouf, j'ai terminé. Circuits temporels, disques durs des ordinateurs, carnets de notes, disques de données, sans oublier le Gardien, tout est dans un grand sac. Il ne reste plus qu'à retourner à la maison et enterrer tout ça. J'ouvre lentement la porte du garage, la voie est libre, parfait!


#



Encore cinq minutes avant le téléjournal de midi. J'ai hâte de voir si la police a découvert les cadavres des deux Borowski. Hehe, je n'aimerais pas être à la place des policiers qui essaieront de comprendre ce qui s'est passé. De toute façon, je n'en n'ai plus rien à foutre; les circuits temporels et toutes les données relatives à la machine sont détruits et enterrés dans ma cour arrière. "Tu as réussi, Paul!" Finis les voyages dans le temps! Je peux enfin recommencer à vivre normalement, et avec le million qui me reste en banque, ça ne devrait pas être trop difficile. Pour commencer, je vais prendre deux semaines de vacances sur les plages de Bajita, ce sera parfait pour décompresser et oublier toutes les folles aventures que j'ai connu ces derniers temps. Ahhh, je me sens comme un nouvel homme. Ha, voilà, ça commence.


"Bonjour mesdames et messieurs, ici Stéphanie Almeito qui vous souhaite la bienvenue au téléjournal de midi. Nous venons d'apprendre que Claude Borski, surnommé "le Prof", ainsi qu'un autre homme ont été trouvés morts ce matin dans le garage adjacent à sa résidence. Monsieur Borski, qui avait fait les manchettes il y a quelques mois alors qu'il était patient à l'hôpital psychiatrique Clergeret était à l'emploi de la ville comme conseiller spécial au bureau du maire. Allons retrouver immédiatement en direct notre correspondant Patrick Loob qui est sur place."

-- Bonjour Patrick.

-- Bonjour Stéphanie, je suis devant la résidence de Claude Borski et derrière moi vous pouvez voir le garage où a eu lieu le drame.

-- Savez-vous comment les deux hommes sont morts?

-- Non Stéphanie, pour le moment nous ne connaissons pas les détails mais tout indique qu'il s'agit vraisemblablement d'un meurtre, d'un double meurtre devrais-je dire.

-- Connaissez-vous l'identité de la deuxième victime?

-- Pas encore, nous attendons que les enquêteurs et le maire DiStazio sortent du garage pour leur poser la question.

-- Le maire est là?

-- Oui, il est arrivé il y a quinze minutes et a pénétré dans le garage sans répondre à nos questions.

-- Est-ce que monsieur Borski avait...

-- Attendez Stéphanie! Le maire DiStazio sort à l'instant du garage... monsieur le maire! Monsieur le maire!... Que s'est-il passé?

-- Terrible... terrible... hey, ce gars-là était devenu comme un frère pour moi, c'est une grande perte pour la communauté.

-- Savez-vous qui est la deuxième victime?

-- Euh... non, les policiers travaillent la-dessus. Je veux rassurer la population en disant ceci: malgré ce drame, notre ville demeurera un endroit paisible où il fait bon vivre et nous pourchasseront le ou les assassins des jumeaux Borski jusqu'à ce ... euh... euh... qu'ils soient condamnés pour cet ignoble crime.

-- Vous avez dit les jumeaux Borski?!! La deuxième victime est donc le frère jumeau de Claude Borski?

-- Euh... non... oui... nous ne savons pas. Je dois partir maintenant, vous savez, l'émotion...

-- Mais monsieur le maire...

-- Non, non, ce n'est pas le moment, laissons les policiers faire leur travail, voulez- vous? Quand nous en saurons plus, nous vous enverrons un communiqué. Je dois retourner à l'hôtel de ville maintenant, merci.

-- Une dernière question monsieur le maire! Croyez-vous que... hum... comme vous le voyez Stéphanie, le maire DiStazio nous a quitté abruptement.

-- Oui Patrick, mais nous avons pu apprendre que la deuxième victime pourrait être le frère jumeau de Claude Borski, c'est quand même incroyable!

-- Effectivement Stéphanie, d'autant plus que tout le monde croyait que monsieur Borski n'avait aucune famille. Cette affaire semble bien mystérieuse.

-- En effet, merci Patrick.

''De retour en studio, passons maintenent à la crise qui secoue..."



Hahaha, les "jumeaux Borski" maintenant! Ils se retrouvent avec deux "Prof" Borski et les carcasses vides des deux machines ne feront qu'ajouter à la confusion, parfait! Bonne chance dans votre enquête messieurs les policiers, vous en aurez bien besoin, hehe. Mais je me demande où a bien pu aboutir le Prof no2 avant qu'il revienne dans le garage avec ses vêtements déchirés et couverts de sang..... naaaah, ne penses plus à ça, Paul, c'est vraiment fini cette fois. Bon, il ne reste qu'à essayer d'oublier toutes ces histoires de voyages dans le temps, et à défaut de médaille, je vais me payer des vacances bien méritées, c'est l'heure d'aller faire un tour à l'agence de voyage. "À moi les belles filles de Bajita!"



Fin