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VTX
Voyage dans le Temps eXpérimental



Par Normand Dubois











6

2757: ANTIDOTE ET LE PROFESSEUR BOROWSKI











"OPÉRATION RÉUSSIE AVEC ERREUR DE 0.0001%". Ça y est, encore des probèmes! Il y a toujours quelque chose qui ne fonctionne pas avec cette sale machine, toujours, toujours! Qu'est-ce que je fais maintenant? Hum, si je retourne et recommence l'opération, l'erreur peut disparaître, mais elle peut aussi devenir plus grosse. "Pas de panique Paul, calmes-toi." 0.0001% ne devrait pas faire une si grande différence, je dois risquer le tout pour le tout, le temps n'est plus aux tergiversaa"AAAAATCHAW!"... saleté de virus! J'ouvre le couvercle et je sors lentement la tête, aussitôt j'entends une voix, "ne fais plus un geste ou tu es mort!" Un homme vient se placer devant moi avec un fusil de chasse à la main, il me regarde et dit, "Paul Latour?" Je le regarde et dis, "Pierre Tomlinson?" En une fraction de seconde je comprends que la machine m'a transporté quelques minutes APRÈS l'arrivée de Tomlinson, le 0.0001% a fait toute la différence. Il appuie le canon de son arme sur ma poitrine et s'empare du fusil-laser qui est à mes côtés et le fait glisser plus loin sur le sol, je suis couché dans la machine, désarmé, complètement à sa merci.

-- Ne tires pas , ne tires pas! Si tu me tues, l'humanité entière mourra. Je suis ici pour effacer l'abominable tragédie que tu as causé, que NOUS avons causé.

-- Il est arrivé quelque chose et tu es ici pour me tuer, n'est-ce pas? Et comment connais-tu mon nom? Je connais le tien parce que tu as été assez stupide pour enterrer intacts la machine et ton double avec toutes ses pièces d'identifications, mais moi je n'ai pas fait cette erreur.

-- Attends, attends! J'ai avec moi une lettre que tu m'as écrit, lis-la et tu vas tout comprendre.

-- Une lettre?!! Je ne t'ai jamais écrit de lettre, tu es un menteur! Et en plus, tu es sûrement le fou qui a inventé cette machine infernale, je devrais te tuer tout de suite et détruire ta machine.

-- Je t'en supplies, lis la lettre et après tu me tueras si tu veux.

Je sors lentement la lettre de ma poche et la lui montre.

-- C'est bien ton écriture, n'est-ce pas?

-- Euh... ça m'en a tout l'air, mais comment est-ce possible? Je vais la lire mais restes tranquille, si tu bouges ne serait-ce que le petit doigt, je te tue sur-le-champ!

Tomlinson prend la lettre et commence à la lire. Cela me donne quelques minutes de répit. S'il lit la lettre jusqu'à la fin, il saura que je dois le tuer et il me tuera certainement, en tous cas, si j'étais lui, c'est ce que je ferais. Il tient la lettre de la main gauche et de la main droite il tient son fusil avec son index sur la gachette, le canon appuyé sur ma poitrine, je suis fait comme un rat. Je dois penser vite. Réfléchis Paul, réfléchis! Et si j'essayais de lui prendre son arme? Oui, j'ai peut-être une chance... non, il me tuerait, je ne veux pas mourrir comme ça. Au fond, je n'ai que ce que je mérite, cette machine sera mon cercueil... mais qu'est-ce que je dis là?!! Le sort de l'humanité dépend de moi, je dois faire quelque chose, vite! J'ai trouvé!! Je vais parlementer avec lui et essayer de le raisonner... mais que vais-je lui dire? Que je dois le tuer? Non, ça ne marchera pas. Vite, vite, si je ne fais rien, dans deux minutes il sera trop tard! Oui, c'est ça! Je vais lui dire qu'il existe sûrement une solution à laquelle nous n'avons pas pensé, ça me fera gagner du temps, mais va-t-il me croire? Hum, ça ne l'empêchera pas de me tuer et il essaiera de trouver une solution par lui-même, il n'a pas besoin de moi. Merde, il a presque fini de lire la lettre! Ça y est, il laisse tomber les feuilles sur le sol et me regarde droit dans les yeux, fais quelque chose Paul!

-- Écoutes Pierre, je suis sûr qu'on peut...

-- TA GUEULE! Retournes-toi et ne bouges plus!

C'est assez, je suis au bout de mon rouleau. je me mets à sanglotter, l'heure de mourir est arrivée. Je me tourne sur le ventre en pleurant; pardonnes-moi Seigneur pour tout le mal que j'ai fait. Qu'il me tue et qu'on en finisse, tout est de ma faute, je ne mérite que la mort. J'entends un coup de feu, "NOOOOOON!"...................... !???.................. j'entends un bruit sourd, comme si quelque chose de lourd était tombé sur le sol et je suis encore en vie. Sans me retourner je dis, "Pierre?"... aucune réponse. Je me lève lentement pour voir ce qui s'est passé et je vois Tomlinson allongé sur le sol, sa tête n'est plus qu'un amas de peau et de sang: il s'est suicidé d'un coup de calibre 12. Je me laisse retomber dans la machine, tout le poids de la race humaine que j'avais sur les épaules vient de disparaître. Et moi qui croyais qu'il me tuerait, c'est lui qui a été le plus lucide, et le plus courageux aussi. Il a compris immédiatement que pour sauver l'humanité, c'est lui qui devait mourir, et il n'a pas hésité une seconde, j'aurais aimé le connaître.

Je prends de grandes respirations... "relaxes, Paul"... ouf, ça va un peu mieux. Le plus important est que Tomlinson soit mort et qu'il ne retourne pas à son époque infecter la planète. "Bravo Paul", ça a été laborieux mais tu as réussi. Je devrais sauter de joie mais je n'en n'ai pas la force, c'est comme si mes batteries mentales étaient épuisées, ça fait quand même deux fois en huit heures que je crois être sur le point de mourir. Ahhh, je me rappelle le temps où je lavais les planchers à l'hopital, c'était la belle époque, pas de machines à voyager dans le temps, pas de problèmes, je mangeais, regardais la télé, allais au Babe's Paradise une fois par semaine, la vie idéale quoi! Bon, qu'est-ce que je fais maintenant? Ah oui, il faut détruire sa machine. "Allez Paul, le travail n'est pas encore terminé." Je sors de la machine et récupère le fusil-laser sur le plancher. Sans perdre une seconde, je fais feu sur la machine de Tomlinson, la transperçant de part en part jusqu'à ce qu'elle ressemble à une passoire. Ensuite, je détache le module des circuits temporels de la paroi intérieure et le détruit à coups de crosse de mon fusil-laser. Et voilà une machine infernale de moins en circulation! Avec tout ça, je n'ai même pas eu le temps de voir où j'étais.

Hum, je suis dans une pièce vide, environ 5 mètres de large par 10 mètres de long, je distingue la forme d'une grande porte avec un levier juste à côté. Qu'est-ce que je fais? Si je sors, Dieu sait quelle calamité pourrait encore s'abattre sur moi. Et si je me suicidais moi aussi? Haaa, mes problèmes seraient terminés, maintenent que j'ai empêché Tomlinson de revenir en 1914 et d'infecter la race humaine, plus rien ne m'en empêche, d'autant plus que si je fais un autre voyage dans le temps, qui sait quel désastre je pourrais encore causer. A bien y penser, je suis bien..."AAAAATCHAW!"... trop lâche pour me suicider. De toute façon, je risque de mourir à cause de ce sale virus. Oui, c'est ça! Je vais sortir et si je vois qu'il n'y a pas moyen de trouver un antidote, je me suiciderai. Avant de sortir, je prends le manteau long que j'ai porté en 1914 qui est dans la machine, je pourrai y camoufler mon fusil-laser, il pourrait m'être utile.

Voilà, je suis prêt. Je pousse le levier et la porte coulisse dans le mur. Ho, il y a un édifice fait de verre à vingt mètres. Je sors la tête de la pièce, je suis dans une ville, et je vois d'autres édifices, en verre, briques, céramiques. Certains sont tout en rondeurs, d'autres de formes carrées ou pyramidales. Surprenamment, ce mélange de style et de matériaux donne un très bel effet d'ensemble, voilà ce que 750 années d'évolution architecturale ont donné. Je sors de la pièce pour me retrouver sur une rue, mais qui n'est pas en asphalte, c'est beaucoup plus lisse et de couleur beige, très agréable à l'oeil. Je me retourne et réalise que je ne sors pas d'une pièce mais plutôt d'un véhicule de transport avec une inscription sur le côté, "CARGO TRANSIT". Il n'a pas de roues, j'imagine qu'en 2757 les véhicules doivent voler! J'en vois deux autres un peu plus loin, ils ont l'air abandonnés eux aussi. Je commence à marcher vers ce qui semble être le centre-ville, peut-être y trouverais-je quelque chose. En tout cas, il n'y a pas grand monde ici, je n'ai pas encore vu personne, ils sont peut-être tous morts à cause du virus, mais où sont les corps? Tiens, j'entends un faible ronronnement qui se rapproche, qu'est-ce que ça peut bien être? Ho, voilà la réponse! C'est un véhicule volant qui passe presque au-dessus de moi à 300 mètres d'altitude, gros comme un wagon de train mais dont l'avant serait profilé, sur le côté il y a une grosse croix rouge, ce doit être un véhicule de la croix- rouge internationale! Je distingue aussi des lettres... M...A..R... "MARS CITY?!!" C'est pas croyable, ils viennent de la planète Mars, la Terre a une colonie sur Mars! Hey, c'est en plein ce dont j'ai besoin, ils ont peut-être trouvé un anti-virus pour enrayer l'épidémie. J'en vois trois autres qui volent au loin, oui, c'est ça, c'est une opération de sauvetage, c'est vraiment mon jour de chance. Il ne me reste plus qu'à aller les voir pour me faire administrer l'anti-virus et après, si tout va bien, je retournerai chez moi en 2011 et je détruirai la machine. Je sens l'espoir renaître en moi. Mais il ne faut surtout pas qu'ils découvrent la machine, même si je leur expliquais tous les dangers qu'elle représente, ils voudront l'utiliser et alors les catastrophes temporelles surviendront inévitablement.

Bon, il ne me reste plus qu'à me faire remarquer et ... hoho, c'est déjà fait, derrière moi atterrit un... une... une moto volante?!! Wow, magnifique machine, à côté de ça ma Kawabusha 1200cc a l'air d'une trottinette. Son pilote en descend, il porte un superbe casque et une combinaison qui ferait rêver tous les motards de mon époque, à sa ceinture est accroché ce qui semble être un pistolet et sur son dos est écrit en grosse lettre carrée: POLICE. En tout cas , c'est un modèle silencieux, je ne l'ai même pas entendu atterrir. Le voilà qui approche.

-- D'où venez-vous et que faites-vous ici?

Improvises Paul, improvises!

-- Euh... perdu... oublié... qui êtes-vous?... Où suis-je?

-- Comment vous appelez-vous?

Je prends l'air le plus piteux possible en espérant être assez convaincant.

-- Mon nom?... Je ne sais plus. Je suis...AATCHAW!!... malade, pouvez-vous me guérir s'il-vous-plait?

Il tient dans ses mains un appareil gros comme un téléphone cellulaire qu'il pointe vers moi, puis il presse une touche sur son poignet et commence à parler.

-- Capitaine, vous ne me croirai pas, mais je pense avoir découvert un survivant, il doit avoir du sang de singe dans les veines celui-là.

J'entends même le capitaine lui répondre.

-- Mais c'est impossible, vous êtes sûr qu'il n'est pas un des nôtres?

-- Affirmatif, je viens de le scanner.

-- Pourtant ce secteur a été nettoyé il y a dix jours?

-- Je sais, il est apparu comme ça, venant de nulle part. Il ne se souvient de rien et il porte de drôles de vêtements, c'est vraiment bizarre.

-- Est-il infecté?

-- Oui Capitaine, et il a l'air mal en point.

-- Ok, ne le laissez pas filer, je vous envoie une ambulance.

Il me regarde et dit, "ça va mon vieux, ne bougez pas, on va venir vous chercher."

Ouf, il est tellement surpris d'avoir trouvé un survivant qu'il ne pense même pas à me fouiller pour voir si je suis armé. Logiquement, ils doivent avoir trouvé un anti-virus sinon ils ne seraient pas ici. À moi de jouer maintenant, je dois absolument me procurer cet anti-virus.

-- Allez-vous pouvoir me guérir?

-- Oui mon vieux, on a tout ce qu'il faut, mais c'est incroyable que vous soyez encore en vie. Vous rappelez-vous au moins qu'il y a eu une épidémie?

-- Une épidémie?

-- Doral, la planète Doral, les Doraliens qui se sont vengés en nous envoyant cette saloperie de virus, vous ne vous souvenez pas ?

Incroyable, il y a eu une guerre interplanétaire!

-- Euh... êtes-vous malade vous aussi?

-- Non, heureusement Mars n'a pas été touchée et nous avons instauré un blocus juste à temps. Mais le temps de développer un anti-virus efficace, tous les habitants de la Terre étaient morts. Ha, on peut dire que ces Doraliens nous en ont fair baver jusqu'à la fin. Nous avons exterminé cette race de bâtards, mais ils nous en ont fait payer le prix fort les salauds.

Je dois faire vite!

-- Pouvez-vous... "ATCHAW!"... me guérir tout de suite?

-- Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer, une équipe va arriver dans un instant et ils vous amèneront au vaisseau-hôpital.

Il retourne s'asseoir sur sa moto tout en me tenant à l'oeil.

Hum, vaisseau-hôpital? Pas question qu'ils m'emmènent sur ce vaisseau, ils doivent avoir des super détecteurs de mensonges ou même des machines à lire les pensées, je ne pourrai rien leur cacher et ils s'empareront de la machine. Mais j'y pense, en 2757 ils ont sûrement découvert le secret des voyages dans le temps?!! ... Naaah... ils s'en seraient servis pour empêcher cette terrible épidémie de survenir et ainsi sauver la population de la Terre. Mais qu'est-ce que c'est que cette machine de merde que j'ai hérité? Seul un savant fou a pu inventer une telle cochonnerie! Pour le moment je n'ai pas d'autres choix que de jouer à l'idiot amnésique, mais aussitôt qu'ils m'auront administré l'anti-virus, je devrai trouver un moyen de retourner à la machine, mais comment vais-je faire? Tant que ce policier en moto volante sera là, je pourrai difficilement m'enfuir et ... heeee... ça pourrait peut-être marcher!

Je n'approche de sa moto.

-- C'est une belle machine que vous avez, ce doit être difficile à piloter?

-- Pas du tout, ça se conduit du bout des doigts, on tire: ça monte, on pousse: ça descend.

La moto n'a pas de roues et semble flotter à 10 centimètres du sol, mais elle a un guidon, un pare-brise et un tableau de bord. Finalement, elle n'a pas l'air tellement différente des motos de mon époque. Ha, voilà l'ambulance qui arrive, elle atterrit sans bruit et en douceur juste à côté de nous. En tout cas, si je me sors de ce pétrin et que je parviens à revenir à la maison en 2008, je jure solenellement que je serai un modèle de bonté et d'humanité et que je ne ferai plus jamais une mauvaise action de ma vie. En attendant, je vais continuer à jouer la comédie et me croiser les doigts.

Une femme et deux hommes , tous vêtus de blanc avec une croix rouge sur l'épaule, sortent de l'ambulance. La femme s'approche de moi et tient dans sa main un petit appareil qu'elle pointe en ma direction, elle doit être en train de me scanner. Une impression de surprise se lit sur son visage.

-- Je n'aurais jamais cru que nous trouverions un Terrien encore vivant. Savez-vous que vous êtes le seul survivant de l'épidémie?

-- Euh... non, je ne me souviens de rien.

-- D'accord, nous verrons ça plus tard.

Elle sort quelque chose de sa poche, on dirait un crayon, et en effleure à peine le bout sur le dessus de ma main. Elle se retire aussitôt tout en regardant son appareil. Après quelques secondes, elle murmure les mots, "bien, très bien." Cela me rassure un peu mais je dois partir d'ici au plus vite.

-- Je suis... "ATCHAW!"... malade, pouvez-vous me guérir maintenant?

-- C'est comme si c'était fait. En attendant, vous allez vous reposer au vaisseau-hôpital.

-- Comme si c'était fait? Que voulez-vous dire, suis-je déjà guéri?

-- Dans un sens, oui. L'anti-virus est dans votre organisme, mais il faut compter six heures avant qu'il n'efface toute trace du virus Doralien.

-- Mais vous ne m'avez même pas fait une piqure!

-- Une piqure?!! Hahahaha, on m'a dit que vous aviez perdu la mémoire, mais vous avez gardé votre sens de l'humour, à moins bien sûr que vous veniez du 21ième siècle.

Hum, je dois faire attention à ce que je dis sinon ils finiront par se douter de quelque chose, mais je dois en avoir le coeur net.

-- Comment avez-vous fait pour m'administrer l'anti-virus?

-- Vous avez vraiment tout oublié, ça fait 300 ans que l'on administre des vaccins comme je viens de le faire.

-- Et si le virus Doralien mutait, qu'arriverait-il?

-- L'anti-virus muterait lui aussi. Ne vous en faites pas, dans six heures vous serez complètement guéri et il n'y aura plus aucune trace du virus dans votre organisme.

C'est tout ce que je voulais entendre, il est temps de retourner à la machine!

-- Euh... merci beaucoup de m'avoir guéri, maintenant je pense être capable de me débrouiller seul, d'ailleurs je me sens déjà mieux. Merci encore docteur.

-- Mais vous ne pouvez pas partir comme ça, nous devons savoir qui vous êtes et comment il se fait que vous ayez survécu à l'épidémie.

-- C'est que j'ai besoin d'aller à la maison pour me reposer, mais j'irai vous voir demain, c'est promis.

Je lui tourne le dos et commence à marcher mais j'entends aussitôt un des ambulanciers.

-- Arrêtez immédiatement, nous avons reçu l'ordre de vous ramener au vaisseau- hôpital!

J'arrête de marcher sans me retourner et je détache discrètement les boutons de mon manteau.

-- Si je comprends bien, je suis votre prisonnier.

-- On peut le dire comme ça!

Du coin de l'oeil, j'aperçois le policier qui débarque de sa moto. Réfléchis Paul, réfléchis!

-- Je veux parler à un avocat!

La femme ne peut s'empêcher de s'exclamer.

-- Un avocat?!!

J'en ai assez et je n'ai plus le choix, le moment est venu de jouer le tout pour le tout. Je me retourne brusquement en sortant mon fusil-laser de mon manteau et le pointe en leur direction en disant, "QUE PERSONNE NE BOUGE!" Les quatres personnes devant moi restent bouche-bée l'espace d'un instant, se regardent, et s'esclaffe d'un gros rire bruyant. Le policier dit, "pensez-vous nous faire peur avec votre pièce de musée? Cette arme doit avoir au moins 400 ans. Allez, donnez-moi votre joujou et embarquez dans l'ambulance." Ce n'est vraiment pas l'effet que je recherchais, je dois faire preuve de plus de persuasion. Je tire une salve dans le pare-brise de l'ambulance et y fait quelques trous visibles pour tous. Le policier porte la main à son arme mais je pointe mon fusil sur lui en disant, "pas un geste, sinon je fais un trou dans votre belle combinaison!" Plus personne ne rit. J'ordonne au policier de déposer sa ceinture sur le sol, il s'exécute sans mot dire. Je dis à tout le monde de s'éloigner d'une dizaine de mètres. Évidemment, ce policier doit disposer d'un système de communication sophistiqué dans son casque et l'alerte doit déjà être donnée, si je retourne à la machine à pied, c'est sûr qu'ils vont me capturer. Il n'y a qu'une solution; je dépose mon fusil sur le sol et j'enfourche la moto. Il y a un bouton vert au centre du guidon, hum, je n'aime pas ça des boutons verts, mais ça doit servir à la mettre en marche. J'appuie sur le bouton et je sens une légère vibration, comme si j'étais assis sur un moteur électrique. Une pression invisible sur mes cuisses et mes hanches me tient bien en place, ce doit être une ceinture de sécurité magnétique. Je dépose mes pieds sur les repose-pieds et la moto reste en équilibre. Mes mains sont sur le guidon, je tourne la poignée de droite et le tableau de bord m'indique que la puissance augmente, parfait! Je me sens presque comme sur ma Kawabusha. Ok, on tire: ça monte, on pousse: ça descend. C'est le moment de décoller.

Je tire le guidon vers le haut et tourne la poignée de droite mais la moto ne bouge pas. Il doit y avoir un truc, mais lequel? Je tourne la poignée de droite au maximum, ça ne bouge toujours pas. Pourtant le tableau de bord indique bien "PUISSANCE 100%". Vite, je dois décoller, le policier et les ambulanciers reviennent vers moi en courant. Ha, à côté de la poignée des gaz (?), il y a un bouton avec une l'inscription "unlock", j'appuie dessus et "WOOOAAAH!", la moto s'envole presqu'à la verticale comme une roquette et la force d'accélération est tellement forte que mes bras et le haut de mon corp sont projetés vers l'arrière. N'eut-été de la ceinture de sécurité, la moto serait parti sans moi. Impossible de me redresser et mes bras flottent au vent comme les branches d'un arbre dans un ouragan. Je fais des efforts inouïs pour que mes mains rejoignent les poignées mais l'accélération est encore trop forte. Et ça monte, ça monte, ça n'arrête pas de monter, je dois être à des milliers de mètres d'altitude. Après ce qu'il me semble être une éternité, je sens la force d'accélération diminuer, la moto doit être près d'atteindre son altitude maximale. Enfin je parviens à me redresser et j'empoigne fermement le guidon et remets la poignée des gaz à zero. Ouf, j'ai réussi à stabiliser la moto qui est maintenant à l'arrêt en plein ciel à.... ooooh, au moins 5,000 mètres d'altitude. Ça y est, je vais être malade! J'ai la tête qui tourne, "ne regardes pas en bas, Paul!" C'est trop tard, je prends panique à la vue de tout ce vide autour de moi, je perds tout sens de l'équilibre et mes bras deviennent mous comme des chiffons. Instinctivement, je me penche et prends la moto à bras le corp, comme un bébé qui recherche la protection de sa maman. Je ne pense qu'à une chose: redescendre. Avec ma tête, je pousse le guidon vers le bas et d'une main molle je tourne la poignée d'accélération à fond. Et ça descend, ça descend, ça descend toujours plus vite, trop vite même. Je me redresse un peu pour voir où j'en suis et HOOO!!! La descente a été tellement fulgurante que le sol n'est plus qu'à quelques centaines de mètres, ça va trop vite, je vais m'écraser, je vais... j'entends un bruit strident à percer les tympans, "tiiiiiiiii", la décélération est foudroyante. Étant couché sur la moto, j'ai l'impression que mon coeur va me sortir par la bouche et que mes yeux vont s'éjecter de leur orbite. Tout cela ne dure que quelques secondes, et puis plus rien. La moto est immobile à 10 centimètres du sol. Mais?!!... Je suis encore vivant, incroyable!! Cette moto dispose d'un système de sécurité qui l'empêche de s'écraser au sol, ça m'a sauvé la vie. Cette promenade en moto m'a épuisé. Je suis encore couché sur la moto et avec mon nez je presse le bouton sur le guidon et la pression sur mes hanches et mes jambes disparait. Je me laisse tomber sur le sol, complètement vidé. Je réalise que mon pantalon est mouillé... merde, j'ai fait dans mon froc!

Je reste étendu sur le sol quelques instants, histoire de remettre de l'ordre dans mon cerveau, beaucoup de choses sont arrivées en peu de temps et je n'arrive plus à suivre. Ok, 2757, le cas de Tomlinson est réglé. L'ambulance maintenant, oui, ils m'ont administré l'anti-virus, voilà une bonne nouvelle! Mais la docteur m'a dit que je ne serai complètement guéri que dans six heures, d'ici là, je dois me cacher en espérant qu'ils ne retrouvent pas la machine. Première chose à faire: m'éloigner le plus possible de cette moto, je suis sûr qu'ils peuvent la localiser à tout instant. Je me relève péniblement et je réfléchis.... oui, j'espère que ça va marcher! Sans m'asseoir sur la moto, je tire le guidon vers le haut tout en le ramenant vers l'arrière et je tourne la poignée de droite pour un accélération maximale, le tableau de bord indique "PUISSANCE 100%", parfait! Il ne me reste plus qu'à appuyer sur le bouton "unlock". D'un geste vif, j'appuie sur le bouton et me jette au sol... hahahaha, la moto décolle à 45 degrés comme un missile, ça devrait les occuper pour un moment.

Je réalise que je suis sur le toit d'un gros immeuble et j'ai une vue imprenable sur la ville. Je peux voir à environ deux kilomètres au sud trois véhicules cargos abandonnés, ma machine est cachée dans le troisième et il n'y a personne dans le secteur, tant mieux! Par contre, à un kilomètre au nord, il y a beaucoup d'activité. Je vois des véhicules de transport avec une grosse croix rouge qui aterrissent, d'autres qui décollent, des gens chargent des gros sacs allongés et... oooh... des bodybags! Ils mettent les corps des victimes de l'épidémie dans des sacs pour les transporter je ne sais où, ils nettoient la ville secteur par secteur. Hoho! Voilà la police montée, une dizaine de motos volent à 500 mètres d'altitude et elles se déploient dans toutes les directions, ils doivent être à ma recherche. Si je reste ici, je serai vite repéré, il doit bien y avoir une porte ou une trappe qui donne à l'intérieur de l'immeuble, ha, voilà une cloture qui forme un carré. Je m'approche et vois un panneau accroché à la cloture avec en son centre un bouton lumineux. J'appuie sur le bouton et immédiatement la partie du toit à l'intérieur de la cloture glisse de côté et une cabine d'ascenseur surgit avec sa porte ouverte. Aussitôt dans l'ascenseur la porte se referme, mais je ne voix aucun panneau de contrôle, à moins que... je prononce le mot "rez-de chaussée." Hum, aucun mouvement, vite, je dois faire descendre cet ascenseur avant d'être repéré. Soudain la porte s'ouvre et je suis à l'intérieur de l'immeuble, j'entends ma propre voix répéter le mot "rez-de -chaussée." Wow, et je n'ai même pas senti la descente, vachement perfectionné cet ascenseur. Personne en vue, parfait! Encore un peu moins de six heures à rester caché, j'espère qu'entretemps ils ne trouveront pas la machine. En attendant, j'aimerais bien trouver une autre paire de pantalons.

Mais qu'est-ce que c'est que cet endroit? Je me trouve dans une grande salle avec des fauteuils groupés par sections d'une trentaine de sièges. Au dessus de chaque fauteuil il y a une petite boîte et chacune des sections porte un nom: sport, théâtre, guerres, religions, mythes et légendes, etc. On se croirait dans une école ou un... oui, une grande banderolle est suspendue au plafond, "Musée des civilisations, expositions virtuelles." Dans un coin de la salle je vois une enseigne sur laquelle est écrit "Restaurant du musée". Bravo, en plein ce dont j'ai besoin, et en plus je devrais y trouver les toilettes. J'ai l'estomac vide depuis longtemps et je sens que je vais me régaler, mais une fois sur place, je ne trouve aucune trace de nourriture. Aaargh! Ils ont dû tout vider lorsqu'ils ont nettoyé ce secteur, il n'y a qu'un comptoir avec de toutes petite bouteilles bien alignées sur les tablettes. J'en prends une dans ma main et regarde l'étiquette: poulet et légumes. Poulet et légumes? Dans une éprouvette de 2 onces liquide?!! Pffft, ce n'est pas ça qui va me rassasier. D'une mini gorgée je vide le contenu de la bouteille. Ooooooh, ce n'est pas si mal, c'est même très bon, c'est comme si toute la saveur d'un repas était concentrée dans une gorgée, c'est presque jouissant. Je prends une autre bouteille, mais cette fois au "boeuf et pommes de terre", mmmmm, déééélicieux. Si je pouvais rapporter quelques caisses de ces petites bouteilles en 2008, je ferais fortune. Tiens, une autre au poulet ne me fera pas de mal, "aaaaahhh, que c'est booon." Dessert maintenant, que vois-je? "Gâteau au fromage et fruits des champs", aha, ça devrait bien terminer un repas, ça! Ooooooh... wooooww... FANTASTIQUE!! C'est trop bon, une dernière au gâteau pour la route et ce sera tout, je ne dois quand même pas exagérer, aaaaaahhhh....une vrai merveille que ces petites bouteilles. Je viens de vivre la plus belle expérience culinaire de ma vie. En tout cas, on ne peut pas dire qu'ils se privent des délices de la cuisine dans le futur. Ok, me laver maintenant! Je vois une porte avec l'inscription "cabinet", ce sont sûrement les toilettes. Je n'ai pas fait cinq pas que... "OUCH!" Une douleur intense me tenaille l'estomac, maudites bouteilles, le deuxième gâteau au fromage était peut-être de trop! Oh non, je vais vomir! Je cours vers les toilettes et arrive juste à temps pour dégueuler comme un déchainé. Ça dure un bon cinq minutes. Je n'aurais jamais pensé que de si petites bouteilles de liquide pouvaient se transformer en morceaux de poulet gros comme ça. Phew... on dirait que c'est terminé. C'est le moment de me laver, moi et mon pantalon, nous en avons bien besoin.

Ahhh, cette session d'hygiène élémentaire m'a remonté le moral. En fin de compte, la situation n'est pas si désespérée; Tomlinson est mort, j'ai reçu l'antidote, je me trouve dans ce musée en relative sécurité et la machine n'est qu'à deux kilomètres d'ici. Je n'ai plus qu'à rester caché encore quelques heures, et après, "bonsoir la visite!" Et attendre dans un musée à moi tout seul devrait passer assez vite. Je me dirige vers le hall d'exposition et en passant je mets une poignée de ces délicieuses petites bouteilles dans une poche de mon manteau, je pourrais avoir un p'tit creux.

Voyons maintenant de quoi a l'air une exposition virtuelle en 2757. Je compte dix sections de fauteuils ayant chacune son thème. Histoire, mmmm... sports, ha, ils doivent parler de boxe là-dedans!... société, naaa... économie, non... mythes et légendes, tiens tiens, ça pourrait expliquer bien des choses. Je me rends à cette section et m'assoie dans un fauteuil. Oh, vraiment confortable, orthopédique et tout, mais qu'en est-il de l'exposition? Il n'y a aucun bouton ou manette qui pourrait actionner quelque chose ou faire apparaître un écran. Soudain j'entends le son d'une clochette, "ding!" Je lève la tête et vois la petite boîte au-dessus du fauteuil tourner lentement sur elle-même. Quelques secondes passent et j'entends,"Salutations et bienvenue au musée des civilisations". Hoho, relaxe Paul, ça n'a pas l'air d'être dangeureux. "Si vous désirez un sujet particulier, dites-le maintenant, sinon dites "liste" pour choisir un sujet." Allez Paul, tu sais ce que tu veux! Je prononce les mots "voyage dans le temps". La voix répond, "Merci, vous pouvez interrompre le programme à tout moment en disant "pause" ou "stop". Salutations." Ouais, ouais, salutations, mais où est l'écran?!! Je remarque que la boîte au-dessus du fauteuil tourne de plus en plus vite et qu'un voile opaque virtuel en descend. Aaah, enfin, on va voir quelque chose. Mon fauteuil est maintenant complètement entouré du voile, m'isolant du monde extérieur. J'allonge le bras et ma main passe au travers sans rien ressentir. Ça y est, ça commence! J'entends une musique bizarre et... wow! Un château du moyen-âge! Et maintenant Napoléon dirigeant un champ de bataille, ça a l'air si réel que je pourrais me lever et lui demander un autographe. Des scènes tridimensionnelles de différentes époques se succèdent, préhistoire, vaisseaux spatiaux, etc, elles sont d'un réalisme parfait et l'illusion de profondeur est incroyable. C'est vraiment comme si j'y étais, c'est... c'est... les mot me manquent. Une voix se fait entendre.

"Longtemps considérée comme une simple légende au même titre que "Area 51" en 1954 et "Projeto hombre invisible" en 2386, l'expérience du voyage dans le temps a vraiment eu lieu, mais il aura fallu attendre la fin de la prescription de 100 ans du ministère de la défense en 2356 pour savoir ce qui s'est vraiment passé. Cet homme est le professeur Cornélius Borowski, l'âme du projet VTX, "voyage dans le temps experimental."

Hey! Je le reconnais, euh... "pause!" C'est bien lui! C'est l'homme qui a été admis à l'hopital où je travaillais et qui m'a fait découvrir la machine. Ha le salaud, l'ours aurait dû l'achever et le manger tout rond, ça m'aurait évité bien des problèmes et la machine serait en train de pourrir lentement dans une grotte du parc des Appalaches. Euh... "lecture?"

"Inventeur de génie, il persuada le ministère de la défense de lui fournir les facilités pour développer une machine qui permettrait à des personnes de voyager dans le temps."

Je me trouve maintenant dans un endroit qui ressemble à un grand laboratoire ou un centre de recherches. Borowski est là ainsi qu'une dizaine de personnes qui s'affairent devant d'étranges appareils. Il y a de grands écrans accrochés aux murs affichant des formules mathématiques et je vois trois personnes autour d'un..."PAUSE!" Ha, c'est bien elle! C'est cette putain de machine! Si je ne savais pas que ce n'est qu'une représentation en trois dimensions, je me lèverais de mon fauteuil et la détruirais à coups de pieds. "Lecture!"

"Après deux ans de travail, le professeur Borowski et son équipe mirent au point une machine expérimentale pouvant transporter une personne dans le temps. Un jeune membre de l'équipe du nom de Ito Rashido se porta volontaire pour en faire l'essai et ainsi eu lieu, le 3 mars 2256, la première expérience du voyage dans le temps."

Je vois maintenant comme si j'y étais un jeune homme se glisser dans la machine et Borowski lui donner ses dernières recommendations.

"La machine disparue et réapparue une seconde plus tard, ce qui était tout à fait normal, la machine étant programmée pour revenir une seconde après son départ. Lorsque Ito Rashido ressortit de la machine, il dit au professeur Borowski avoir éprouvé quelques difficultés avec les circuits temporels"

J'en étais sûr!!

"Et puis, toujours selon les archives du ministère de la défense, il se passa quelque chose d'étrange. Trois des dix membres de l'équipe de recherche ne reconnurent pas Ito Rashido et inversement, Ito Rashido ne reconnu pas ces trois personnes. C'était comme s'ils ne s'étaient jamais vus, et pourtant, aux yeux des autres membres de l'équipe, ils avaient travaillé en étroite collaboration depuis les tous débuts du programme VTX. Dans son rapport, le professeur Borowski émit l'hypothèse qu'une sombre affaire de jalousie aurait poussé monsieur Rashido à régler quelques comptes dans le passé et ainsi modifier le présent et rejeta l'argument des circuits temporels défectueux."

Pauvre con!

"Aprés cet incident, plusieurs collaborateurs du professeur Borowski commencèrent à douter de la pertinence de voyager dans le temps, certains allant même jusqu'à demander l'arrêt immédiat du programme VTX. Dans un discours enflammé, le professeur leur répondit qu'il ne fallait pas abandonner, qu'un code de procédures plus rigoureux éliminerait sûrement toute mauvaise surprise lors des prochains voyages et leur ordonna de garder secret ce qui venait d'arriver. Tous ne furent pas convaincus. Le lendemain, le responsable du projet VTX au ministère de la défense, le général Robert "quick temper" Tardivel, reçu trois membres de l'équipe du Professeur Borowski qui lui firent part des événements de la veille et du danger de dérapage totalement imprévisible que la machine de Cornélius Borowski présentait. Le général décida sur-le champ d'interrompre indéfiniment le projet VTX, et dans les minutes qui suivirent, appela le Président Gladstone pour lui faire part des raisons justifiant sa décision. La réponse du Président, conservée dans les archives du ministére, donna le coup de grâce au projet VTX: "Comment?!! Vous voulez dire que quelqu'un pourrait prendre cette machine, retourner dans le passé et faire en sorte que ce... ce... cet "enfoiré" de Blackburn soit Président à ma place?!! Mettez la hache dans ce projet débile, et quand je dis la hache, je ne parle pas au sens figuré!"

Hahaha, bien parlé!

"Le lendemain matin, alors que le professeur Borowski et son équipe étaient au travail, un officier du gouvernement escorté de cinq soldats armés pénétra dans le centre de recherches et signifia au professeur que le projet VTX était annulé et que lui et son équipe devaient quitter immédiatement les lieux. Mais Borowski, averti par un fidèle collaborateur, avait prévu le coup."

-- Vous ne pouvez pas faire ça, ce projet est trop important pour l'humanité!

Le narrateur cesse de parler et cède la parole aux personnages.

-- C'est un ordre direct du général Tardivel, ne faites pas de difficultés et sortez d'ici!

Le professeur élève la voix.

-- Tardivel est un incompétent et prend des décisions irréfléchies, et ceci en est une. Il n'est pas question d'annuler ce projet, allez vous faire foutre!

Borowski et l'officier sont nez à nez.

-- Vous avez cinq secondes pour sortir, sinon nous utiliserons la force.

Je suis rivé sur mon siège.

Borowski sort un pistolet de la poche de sa veste.

-- Haha!! Vous pensiez que je me laisserais faire comme ça?!! Dites à vos soldats de sortir sinon je vous tue!

-- Ne faites pas l'imbécile et remettez-moi ce pistolet.

-- Imbécile?!! Moi?!! Avec cette machine, on peut prévoir des cataclysmes naturels et sauver des millions de vies humaines, corriger les erreurs de nos politiciens et éviter les guerres, aller dans le futur chercher des médicaments et éliminer les maladies, les possibilités sont infinies, et c'est moi que vous traitez d'imbécile?!!


Borowski appuie le canon du pistolet sur la tête de l'officier et compte, "5... 4... 3... 2..."

-- OK! OK! Faites ce qu'il dit, les gars!

Les soldats et les collaborateurs de Borowski sortent, ne laissant que le professeur et l'officier à l'intérieur.

-- Qu'allez-vous faire maintenant?

-- Je vais partir, et quand je reviendrai, vous me remercierez tous à genoux d'avoir sauvé le projet VTX.

-- Que voulez-vous...


L'officier n'a pas le temps de finir sa phrase, il s'écroule au sol, assommé par un coup de crosse du pistolet du professeur. Et dans une scène surréaliste, je vois Borowski courir vers la machine et s'y engouffrer en criant: "Vous êtes des incapables et des ignorants, mais je reviendrai vous prouver que c'est moi qui avais raison!" Il referme le couvercle et la machine disparait quelques secondes plus tard.

Phew... j'entends de nouveau le narrateur.

"Et ainsi eu lieu le deuxième, et espérons-le, le dernier voyage dans le temps de l'histoire de l'humanité. Cette idée grandiose issue d'un cerveau génial mais déséquilibré ne pouvait survivre en raisons des risques trop grands de modifications de la ligne du temps telle que nous la connaissons. Le centre de recherches du projet VTX fut démantelé et tous ses artisans, qui étaient déjà tenus au secret, durent s'engager formellement à ne jamais plus faire de recherches qui seraient liées de près ou de loin aux voyages dans le temps sous peine de sanctions sévères pouvant aller jusqu'à la peine de mort. Quant au professeur Borowski, on ne le revit plus, ni lui, ni sa machine, mais les conclusions du rapport d'experts du ministère de la défense n'écartèrent pas l'hypothèse que le professeur et sa machine pourraient un jour resurgir des méandres du temps."

"Ding!"

"Salutations, et merci de votre visite au musée des civilisations. Salutations."

Le voile virtuel disparaît, la projection est terminée.

WOW! Ça c'est du cinéma! Et tout ça est venu de cette petite boîte qui flotte au-dessus du fauteuil, incroyable! En tout cas, je sais maintenant d'où vient cette machine de malheur et que l'homme qui me l'a fait découvrir n'est nul autre que son inventeur, le professeur Borowski. Heureusement qu'il est interné à l'hôpital où je travaillais... ou malheureusement! Et s'il recouvrait la raison et construisait une autre machine? Hum, je ne veux pas trop y penser pour le moment, mais si je parviens à revenir en 2008, je devrai m'assurer qu'il est toujours hors d'état de nuire.

Je continue mon exploration du musée et arrive devant une grande ouverture qui donne sur une deuxième salle d'exposition. Quelles autres merveilles du futur m'attendent là? Hey, c'est l'exposition "ROUES SUR LES ROUTES, 1896-2242". Des centaines de voitures, certaines anciennes et d'autres incroyablement futuristes, sont alignées côte à côte, toutes dans un état de conservation presque parfait. Elles sont disposées par ordre chronologique, en commençant par la "Prutz" 1896 de Otto Klickstein. Aaah, je comprends maintenant, 1896-2242, c'est la période où les véhicules automobiles étaient montés sur roues. Après 2242 les roues ont dû peu à peu être abandonnées au profit des véhicules volants comme la moto du policier ou les cargo-transit où est cachée la machine. Je marche entre deux rangées de voitures qui ont marqué l'histoire de l'automobile, elles sont toutes là. Pemberton 1908... Rappaport "Roadster" 1917... il y a même des motos. Oooh, une Comet "Powerflash" 500cc, celle qui a gagné toutes les courses en 1925. Ouf, cet endroit est un vrai paradis pour un amateur de voitures anciennes. Plus j'avance et plus les années augmentent. Pshhh... une Lacroix-Donville "Élégance" 1937, considérée par plusieurs comme la plus belle voiture de l'histoire de l'automobile. Tiens, une Wolfred "Capucine" 1954, rustique peut-être, mais ils en ont quand même vendu 14 millions en vingt ans. Voilà les japonaises, Takedo... Yamagashi... hehe, une Yuko 50cc, la moto des gens "bien". Aargh! Si j'avais le temps, je pourrais rester ici des jours et les admirer jusque dans leurs moindres détails, mais dans une heure l'anti-virus aura fait son effet et je devrai retourner à la machine, mais comment vais-je faire? Pas question que je rejoigne la machine à pied, ce serait trop long, trop risqué. Et si j'attendais que la nuit tombe?... Non, plus j'attends et plus ils ont des chances de trouver la machine, si ce n'est pas déjà fait. Ahhh, quand je pense que cette Radford "Turismo" 1968 pourrait m'emmener à la machine en deux minutes, quoique qu'une moto serait plus discrète. Et si.... naaah, ce serait trop beau pour être vrai, je suis en 2757 et ces véhicules ont entre 400 et 750 ans d'âge. Même s'ils ont l'air fraichement sortis de la ligne d'assemblage, ce serait incroyable qu'ils soient en état de marche. Bah, ça ne coute rien d'essayer, même s'il n'y a qu'une chance sur un million que ça fonctionne. J'enfourche la moto la plus proche et à ma grande surprise la clef est dans l'ignition, mais c'est probablement par souci de réalisme. Je tourne la clef jusqu'à "on" et presse le démarreur. "Vroumm vroumm", hey, ça marche!!! C'est pas croyable, je lève mon chapeau aux musées du 28ième siècle. Je viens de trouver le moyen de retourner à la machine, mais cette moto n'est pas assez puissante. J'éteins le moteur et me dirige vers des modèles plus récents.

Voyons maintenant... Bradley "Lacuna" 1994, une vrai bombe celle-là... Inoki "Speedster 1200" 2002, encore plus rapide, mais j'ai besoin de LA plus rapide. Aaah, celle-là devrait faire l'affaire, Kawabusha "Katioucha" 2011. Un coup d'oeil sur la fiche de spécifications finit de me convaincre: 2000cc, 4 cylindres en V, double turbo, 240 chevaux, 3 freins AABS III, 0-400 mètres en 7 secondes, vitesse de pointe de 315 km/h, surnommée "la tueuse en série", elle fut interdite sur les routes publiques six mois après son apparition sur le marché. Haha, en plein ce dont j'ai besoin! Un calcul rapide me dit que cette bête pourrait parcourir les deux kilomètres qui me sépare de la machine en 30 secondes, parfait! Il ne reste qu'à m'assurer qu'elle est opérationnelle. Je m'assoie dessus et j'appuie sur le démarreur, "VROOMPH, VROOMPH", je tourne un peu plus la poignée d'accélération, "VROOOOMMMPH", hahaha, quelle musique! Embrayage, levier de vitesses, freins, tout est au bon endroit, je ne devrais pas avoir de difficultés. J'éteins le moteur. Plus que cinq minutes avant que mon organisme soit complètement débarassé du virus, il est temps de préparer ma sortie.

Je me rends à la porte d'entrée principale qui donne directement sur la rue où est cachée la machine. Aussitôt arrivé devant la porte, elle s'ouvre toute seule, je recule un peu et elle se referme, bravo! C'est le moment de partir, j'espère que tout se passera pour le mieux. Je retourne à la moto et me prépare à l'enfourcher quand j'aperçois à travers la vitrine deux motos de police qui aterrissent doucement près de la porte d'entrée. Ah non, pas maintenant! Ils ont dû voir la porte s'ouvrir et se refermer. "Pas de panique, Paul!" Je me penche et les voie débarquer de leur motos et se diriger vers la porte d'entrée. Merde! Ils pénètrent à l'intérieur du musée et commencent à arpenter les allées chacun de leur côté. L'un d'eux est maintenent à 20 mètres à ma droite et l'autre vient de pénétrer dans l'autre salle à ma gauche, là où il y a les fauteuils, cela me laisse la voie libre d'un côté. C'est le moment de foncer et advienne que pourra! Je saute sur la moto et la fait démarrer, "VROOMPH". Le policier à ma droite se met immédiatement à courir en ma direction. Je manoeuvre le plus vite possible entre les rangées de voitures et en passant devant l'entrée de la salle où a pénétré l'autre policier, le voilà qu'il réapparaît son arme à la main en criant, "ARRÊTEZ OU JE TIRE!" Mon taux d'adrénaline est à son maximum et sans réfléchir, je donne un coup d'accélérateur et fait déraper la roue arrière qui frappe le policier et le projette dans les airs. En voilà un d'éliminé! J'arrive devant la porte principale qui s'ouvre et me voilà dans la rue devant une belle ligne droite de 2 kilomètres jusqu'à la machine, il est temps de voir ce que cette moto a dans le ventre. Je presse le levier d'embrayage et enclenche la première vitesse avec mon pied gauche. Je tourne la poignée des gaz tout en relâchant l'embrayage d'un coup sec, "VROOOAAAMMMPH", "Yahoo!" L'accélération est tout simplement délirante, je passe la deuxième vitesse à 60 km/h, "VOOOOOOOMPH", cette moto est vraiment une bête sauvage. J'aperçois dans le rétroviseur le policier monter sur sa moto et décoller, mais en restant à un mètre du sol. Je file à 200 km/h mais la moto volante gagne du terrain. Allez, à fond la caisse! 220... 240... 260... et l'autre qui réduit toujours l'écart! Je passe deux véhicules cargo, le troisième est celui où est cachée la machine. Encore 100 mètres... 60 mètres...merde! Je vais trop vite, je vais arrêter trop loin! Je freine en catastrophe et le système "AABS III" entre en action. La décélération est si forte que je dois m'agripper aux poignées de toutes mes forces pour ne pas être éjecté et la moto s'arrête juste devant le véhicule où est cachée la machine. Je laisse tomber la moto sur le côté et fait coulisser la porte du cargo-transit. La machine est encore là, "merci Seigneur!" La moto volante n'est plus qu'à 50 mètres et j'en vois deux autre qui arrivent au loin. Je me glisse à toute vitesse dans la machine et la programme pour mon retour à la maison, le 2 novembre 2011. J'entends le policier crier, "ARRÊTEZ! ARRÊTEZ!" Je referme le couvercle et presse le bouton vert, c'est parti!






Chapitre 7